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Café-philo du 30 janvier 2008 au Café des Arts à Poitiers
10 personnes présentes.
Sujets proposés :
- Faut-il se débarrasser des vieux ? [3]
- Suffit-il de dire non ? [4]
- Les choses ont-elles un ordre ? (4]
- Je n’ai pas le temps ? [1]
- La nature humaine est elle aussi bête que la nature animale ? [4]
- L’homme se caractérise t’il par son amplitude ? [0]
- Les criminels ne sont ils pas au fond si ignoble que cela ? [3]
- Le rapport d’autorité dans la fonction pédagogique ? [3]
- Le maitre est-il esclave ? [6] sujet débattu
=>30 01 2008 : Le maître est-il l’esclave ? Le sujet est abordé selon deux directions : le maître est il l’esclave de l’esclave et le maître est il l’esclave du système dans lequel il se trouve ? De quoi ou de qui est on maître (ou esclave) ? N’y a-t-il pas dans cette relation, l’idée d’un rapport intime qui impose que ce lien s’inscrit dans un rapport interpersonnel. Nous sommes esclave de quelqu’un et pas de quelque chose. Certes, chacun d’entre nous, dans la diversité de ses activités et statuts quotidiens, sera soumis à un environnement, des conditions matérielles, culturelles, économiques, juridiques, etc. Mais cet ensemble de règles contraignantes ne fait que désigner les conditions possibles des rapports entre les Hommes. De plus, certaines règles qui s’imposent à une personne, au regard d’une activité particulière (en situation de travail par exemple) ne s’imposeront plus à elle dans le cadre d’une autre activité (sa participation au café philo, par exemple). Ainsi, même lorsque nous avons une position de domination, sommes nous soumis à des règles supérieures qui nous contraignent. La multiplicité des systèmes qui interagissent entre eux et dans lesquels nous nous situons successivement dans notre vie – quotidienne – crée des relations d’interdépendance dans lesquelles aucun système supérieur (méta système) ne se dégage définitivement. L’asservissement n’est pas une soumission à une extériorité quelle qu’elle soit, c’est un système dans lequel s’inscrit une relation particulière entre différents protagonistes. Cette relation peut d’ailleurs être considérée comme normale, au regard du modèle économique et social dans lequel elle s’exerce (cf. l’Antiquité, le modèle américain au XIX ème,..). L’esclavage s’inscrit dans la non reconnaissance du travail de l’Autre, la soumission, la dépendance mais surtout l’absence de reconnaissance de la qualité d’Homme chez l’Autre. D’un point de vue éthique, on peut dire que le maître est esclave par le fait qu’il ne reconnaît pas, chez l’esclave, un être humain. Il y a une instrumentalisation de la personne à des fins économiques et idéologiques. Ainsi, en niant l’humanité de l’Autre, nie t-il sa propre humanité. Il s’asservit lui-même dans l’asservissement de l’Autre. Au-delà de l’éthique, ce processus tend à se réaliser dans le factuel. Ainsi, dire que l’esclave se trouve dans une situation de dépendance à l’égard du maître est certes vrai mais insuffisant. Car le maître est progressivement conduit, lui-même, à se retrouver dépendant de son esclave, dans certaines situation de la vie. Il existe donc une interdépendance qui conduit à placer progressivement le maître dans une situation de soumission. Nous pouvons, pour comprendre le processus, extrapoler sur le rapport entre l’homme et la machine. L’homme crée une machine (et le rapprochement n’est pas anodin) afin de se faciliter la vie. Il induit alors un besoin et devient tributaire de sa machine. Celui qui préférera la liberté à la vie sera le maître et celui qui préférera la vie à la liberté sera l’esclave. HEGEL. Le rapport maître/esclave s’inscrit dans un rapport de force : le maître ne veut pas perdre sa place de dominant mais l’esclave ne veut plus de sa place de dominé. Relation de pouvoir : relation non réciproque qui permet à quelqu’un d’obtenir quelque chose d’une autre personne sans son consentement.
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Café-philo du 23 janvier 2008 au Café des Arts à Poitiers
10 personnes présentes.
Sujets proposés :
- Doit-on vivre en suivant le mouvement ? [4]
- Faut-il lire ? [3]
- Faut-il choisir entre laïcité et croyance ? [3]
- La mort nous aide-t-elle à vivre ? [5]
- Dieu est-il un tube de vaseline ? [3]
- La folie est-elle une excuse ? [5]
- Les vices privés font-ils la fortune publique ? [3]
- L’homme à force de vouloir être libre devient-il un objet ? [8] sujet débattu
La phrase est de J ATTALI et l’annonce de son auteur donne rapidement une connotation politico-économique au débat. Le contexte (ATTALI et son rapport) peut nous amener à penser que l’auteur cherche à faire passer un message. Vouloir être libre, c’est être en quête d’une utopie. C’est se soumettre à un rêve et finalement, être en dehors du réel. La liberté n’est pas dans le mythe de l’Aménagement et la Réduction du Temps de Travail (les 35 heures) mais dans le travail qui nous procurera les conditions matérielles et donc bien réelles d’accéder à notre liberté et d’en être acteur. C’est du pur matérialisme (pas dialectique !).
Qu’est-ce qu’être libre ? Quand est on libre ? La liberté est-elle appréciée uniquement d’un point de vue intellectuel, point de vue dans lequel les émotions seraient absentes et donc déshumanisante !
Doit on penser la liberté d’un point de vue individualiste, c’est-à-dire une sorte d’abstraction dans laquelle les autres n’ont rien à faire ; ou encore, un monde où les pulsions de chacun peuvent s’exprimer librement. Une sorte de chaos permanent. On est alors dans une position qui nie la nature humaine, dans sa nécessité d’interdépendance. L’Homme a besoin de la dimension sociale pour être et exister.
L’essence de l’Homme nous impose de penser la liberté dans sa dimension collective. « Notre liberté commence, là où finit celle des autres ». Certes, mais encore faut il que cette sentence ne soit justement pas laissée à l’appréciation de chacun. Sinon, on revient à la loi du plus fort, pré révolutionnaire. Le principe de liberté doit être garanti par un niveau supérieur à l’individu : le politique. L’individu abdique une partie de sa liberté pour déléguer au politique le droit d’organiser la liberté collective. Ainsi, ce qui peut apparaître comme une contradiction du point de vue de l’individu (une société libre dans laquelle il y a une caméra à tous les carrefours, ou encore une nation libre qui impose la mobilisation à chacun pour faire la guerre), prend du sens dans la dimension sociale.
L’Homme est libre parce qu’il appartient à une société qui lui garantit les conditions de sa liberté. Par la même, il renonce à une partie de sa liberté personnelle ; celle qui n’est pas compatible avec la liberté collective. Dans un même élan, il accepte la domination du social et reconnaît l’Autre comme un égal ; c’est-à-dire ayant le même droit à la liberté. Mais, la révolution ne garantit elle pas plus la propriété de chacun que sa liberté ? Elle organise ainsi le principe de l’égoïsme partagé.
La révolution instaure une liberté et une égalité de Droit.
Mais celle-ci correspond elle à une liberté de fait ?
La liberté où chacun ferait tout ce qu’il veut, sans limites, confine à la folie ou encore à la compétition (la loi du plus fort). De fait, chacun est soumis à des contraintes, des obligations qui conditionnent notre espace de liberté ; les conditions matérielles de notre existence, nos pulsions, nos sentiments, notre éducation,… notre liberté ne consiste pas tant à s’affranchir de toutes ces contraintes, qu’à les choisir, les organiser, les dépasser. C’est passer d’un niveau de soumission à un autre niveau de soumission. C’est alors, éventuellement, la nature de nos choix qui nous réifie. Être libre, c’est choisir et agir. Il y a sans doute là, l’idée d’une révolution personnelle qui conduit chacun à construire sa propre liberté.
Mais si être libre, c’est faire le choix de ses dépendances, à quoi cela sert-il, puisque nous restons dépendants ?
La liberté ne correspond pas à un état défini mais à une dynamique dans laquelle chacun va tenter de dépasser un état singulier au profit d’un autre état singulier. C’est dans ce dépassement que chacun peut (se) réaliser, être SOI.
La liberté est donc un rapport intime à soi même, un regard sur ce qui est gagné, mais un rapport aux autres car l’on ne peut se réaliser seul.
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Café-philo du 16 janvier 2008 au Café des Arts à Poitiers
13 personnes présentes.
Sujets proposés :
- L’homme se caractérise-t-il par son amplitude ? [4]
- Les criminels ne sont-ils pas au fond si ignobles ? [2]
- Faut-il nécessairement comprendre ce que l’on apprend ? [4]/[5]
- Les fleurs font-elles du bruit en poussant ? [3]
- Les souvenirs sont-ils les mégots de l’existence ? [4]
- Où se trouve la différence ? [6]
- Comment change-t-on d’avis ? [7]/[6] sujet débattu
- Que faire avant la mort ? [5]
– Pour certain, le meilleur moyen de ne pas changer d’avis est de ne pas en avoir. Cette assertion, pour profonde qu’elle soit, biaise d’emblée les données du débat. En effet, elle détourne la question « comment change t-on d’avis » qui nous obligerait, au passage, à nous interroger sur la manière dont on se forge un avis, au profit d’une autre question : « doit-on (ou pas) avoir un avis ? ». Nouvelle question qui, elle-même, mérite le détour vers : « peut-on ne pas avoir d’avis ? » et « à quoi sert-il d’avoir un avis ? ».
– Il ne vient pas immédiatement à l’esprit de préciser ce qu’est un avis. Disons pour l’instant que c’est penser quelque chose sur quelque chose. Avoir un avis conduirait alors à une clôture intellectuelle qui empêcherait de continuer à penser la chose. La pensée permanente et dynamique ( !), s’interromprait au profit d’une pensée figée ; une sorte de fossilisation intellectuelle de notre regard sur l’objet en question ! On approche ici l’idée d’une certitude où les choses sont ce qu’elles sont et pour toujours. Notre avis devrait donc rendre compte de cette réalité objective de l’objet. Il y a quelque chose d’exact dans cette réflexion. En effet, les systèmes fermés, à forte homéostasie (équilibre interne) fonctionnent grâce (entre autre) à ces deux caractéristiques et meurent (entre autre) à causes de celles-là mêmes. Il existe donc pour certains objets, une réalité intrinsèque finie, objective et définitive, ce que l’on peut peut-être traduire philosophiquement par le noumène, chez KANT. On ne pourrait alors, pour être intellectuellement irréprochable, arrêter de penser la chose que lorsque l’on a atteint sa vérité. Mais comment saurions nous que nous en avons atteint la réalité « nouménale » ? La science répond parfois à cela, lorsqu’elle authentifie une réalité objective. Mais le propre de la science n’est il pas de nous inciter à aller au-delà de là où nous en sommes. Atteindre la « vérité » dans ce contexte là n’est donc pas inhibition de la pensée et rejet de la complexité. Cela répond davantage à une organisation de la démarche de réflexion. Car cette démarche nécessite des étapes intermédiaires, des tâtonnements, des vérifications, des avis successifs qui nous conduisent, dans le meilleur des cas, à la connaissance (une connaissance). Notre avis constitue alors le matériau sur lequel nous appuyons notre expérimentation pour nous forger un avis d’un autre niveau. En effet, la connaissance que nous avons des choses ne se donne pas à lire immédiatement.
– Mais tous les systèmes ne fonctionnent pas avec cette réalité immuable des systèmes fermés. Pour les systèmes dits ouverts (ou vivants), ils n’y a pas de réalité figée mais une adaptation permanente à leur environnement, gage de leur évolution et donc de leur survie. S’il est certes dommage d’avoir un avis qui, inhibant ( ?) notre réflexion sur la chose, n’en donnerait qu’une vision partielle, il est désespérément de rechercher sa vérité objective, alors que celle-ci n’existe pas puisqu’elle est en évolution permanente. L’individu est un système vivant et ouvert, s’il ne fait pas preuve d’une trop grande rigidité (homéostasie). Plus il est en interaction avec des systèmes similaires et plus les échanges (d’avis) seront nombreux. Ainsi, ses chances d’enrichir ses propres avis seront-elle plus importantes.
– Il ne faut donc pas confondre la réalité du monde et le regard que nous portons sur cette réalité. Un avis doit-il être conforme à la réalité (! !!) des choses. Il existe des réalités objectives que la réflexion nous permet d’approcher, vers lesquelles les avis peuvent tendre à l’unanimité. Il existe des réalités subjectives, appréciées à partir de critères personnels qui rendent compte de la diversité. Notre avis est conforme à notre perception de la réalité. Un avis ne dit pas la réalité objective de la chose, il éclaire sur notre rapport subjectif à cette chose et dit autant de la chose que de nous.
– Pourtant, nous voyons bien que dans certaines situations, notre occlusion au monde est manifeste, notamment lorsque nous avons un avis tranché. Les extrémismes sont des exemples éloquents de cet état. Cette situation pose une double question : qu’est-ce qui nous aide à nous forger un avis et quels en sont les enjeux ?
– Ce qui apparaît le plus évident, c’est que nous construisons nos avis à coup d’arguments (avisé. Qui a un jugement réfléchi et agit avec prudence et sagacité). C’est dans l’explication et la compréhension des situations que nous pourrons nous faire un point de vue. Mais complément ou substrat à cette réflexion, l’expérience nous apporte aussi les arguments nécessaires à l’élaboration de notre avis. On voit ici, sur quel terrain se situe le combat pour élaborer et changer d’avis. Arguments et contre arguments, expériences et contre expériences fournissent à la réflexion les moyens de se faire une raison.
– L’autre élément clé résulte de la dimension affective. On se trouve alors dans le monde sensible de la perception, de l’émotion, de la vie intérieure. On peut alors se trouver personnellement dans des appréciations antagonistes sur une question. On peut être raisonnablement contre la peine de mort et la revendiquer lorsque l’on est personnellement touché par un crime. Selon la nature de chacun, et aussi sa capacité à rester centré sur soi même ou à se décentrer, c’est la raison ou l’émotion qui l’emportera. Mais ces deux critères ne semblent pas suffisants pour trancher. La question des enjeux intervient également. A quoi sert d’avoir un avis ?
– Que cela soit sur le plan individuel ou sur le plan collectif, un avis sert à construire et c’est ce qui fait l’importance d’en avoir un. Se construire une identité sociale par exemple, au travers d’une appartenance à un groupe et donc échanger ses avis avec un groupe de pairs. Se construire en se forgeant des valeurs à partir d’une différenciation entre ce qui est éthiquement bon et ce qui est mauvais (avis : de l’ancien français. Ce m’est avis ; ce qui me semble bon). Se construire dans l’opposition de ses points de vue à ceux des autres, c’est-à-dire dans la construction d’un lien social. Se construire par une mise en acte de son avis, dans la réalité. Avoir un avis, c’est permettre à une société de faire consensus sur une question (referendum par exemple) et de légiférer ou de s’opposer (manifestation) et faire pression. Avoir un avis permet de donner du sens à sa vie, en fonction de ses intérêts affectif, économique, intellectuel, politique, … C’est pour cela que, d’avoir un avis sur la couleur de la tapisserie ou sur la peine de mort, relève de la même logique de construction de sens. Chacun mesure les enjeux de l’expression de son avis relativement à son intérêt. Ne doutons pas que certains ont plus d’intérêt à manifester leur point de vue sur la couleur de la tapisserie que sur la peine de mort. Cela ne signifie pas que les conséquences collectives soient les mêmes. Au-delà des arguments et des émotions, c’est peut-être l’enjeu que nous plaçons dans notre avis qui nous rendra plus ou moins inflexible au changement.
– On peut illustrer cette position dans le rapport entre avis et autorité. Il arrive, dans le cadre de relations hiérarchiques que l’on nous demande d’agir contrairement à notre point de vue. Nous pouvons nous exécuter, ce qui ne nous empêche pas de conserver notre opinion (ni de la changer d’ailleurs). Nous pouvons aussi refuser. C’est finalement l’évaluation de l’enjeu qui nous fait opter pour l’une ou l’autre des directions. La question n’est pas tant de savoir si ce que l’on nous demande est tellement opposé à notre point de vue, nos convictions, nos croyances et autres certitudes, mais de savoir si celles-ci sont si importantes pour nous que nous ne puissions y renoncer. Car n’oublions pas qu’elles sont le ferment de notre construction identitaire et sociale.
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Café-philo du 9 janvier 2008 au Café des Arts à Poitiers
17 personnes présentes.
Sujets proposés :
- Sommes-nous civilisé ? [7]
- Faut-il être en paix avec soi même avant d’être ne paix avec les autres ? [0]
- Que penser de notre proximité flagrante avec le cochon ? [7]
- Le consommateur et le citoyen sont ils la même personne ? [9]/ [4]
- Comment se construit l’avenir [6]
- Sait on ce que le passé nous réserve ? [9]/[12] sujet débattu
La question s’énonce comme une sorte de paradoxe. En effet, s’interroger sur ce qu’une chose nous réserve devrait s’adresser à une situation non encore vécue, autrement dit, à venir. De plus, la formulation, « ce que cela nous réserve », tend à nous mettre en garde de quelque chose !
Pour dépasser cet apparent paradoxe, il faut peut être accepter l’idée que nous ne connaissons pas totalement notre passé. Sans rentrer dans la différenciation entre histoire et passé, il y a des manipulations de l’histoire à dessein politico-économique, ou encore des dénis du passé à des fins psychologiques… il y a plus simplement ce que nous ignorons de notre passé parce que nos investigations ne se sont pas orientées dans cette direction (refoulement), que nos moyens, techniques par exemple, ne nous ont pas permis de découvrir telle ou telle situation. Il y a encore ce que nous connaissons mais ne comprenons pas. Il y a donc, sans être exhaustif, de multiples raisons qui font que nous méconnaissons tout ou partie de notre passé. C’est en cela que nous pouvons dire que notre passé est imprévisible et qu’une partie reste à découvrir. Mais faut-il s’en méfier ?
D’un point de vue collectif, l’Histoire semble se distinguer du passé lorsqu’elle, s’affranchit du vécu individuel. En effet, si une personne vit un événement, son sentiment premier sera personnel et sensible ; d’ailleurs, cet évènement n’est pas encore historique. Le passé ne devient l’Histoire que lorsque l’évènement marque la vie, d’une personne (c’est alors son Histoire personnelle), d’une société ou d’une nation durablement et qualitativement. Tout ce qui s’est écoulé de la vie fait partie du passé mais nous ne pouvons retenir de l’Histoire que ce qui va influencer le futur. Ce sont les évènements signifiants qui font l’Histoire.
D’un point de vue individuel, notre passé est un vécu, conscient, inconscient ou refoulé, qui influence notre parcours personnel. Il ne peut sans doute pas y avoir de neutralité de notre histoire sur notre itinéraire car le monde matériel et idéel dans lequel nous vivons constitue une expérience déterminante. Mais à partir de cette expérience, notre raison (notre conscience serait plus juste) peut en retour nous permettre d’influer sur notre avenir ; ne pas répéter les mêmes réponses dans les mêmes situations, c’est-à-dire apprendre, finalement. Il n’est cependant pas suffisant de connaître et de comprendre son histoire pour ne pas reconduire les mêmes actes passés.
Toute la dimension psychologique et notamment la sphère affective vient parasiter le pur raisonnement et nous amène à reproduire les mêmes erreurs, éventuellement. Il n’est d’ailleurs pas sur que se soit les mêmes erreurs qui soient en jeu, comme si nous étions inscrits dans un cercle vicieux. Il serait peut être plus pertinent de penser la reproduction dans un schéma ascensionnel où l’on re-produirait (c’est-à-dire produire à nouveau) des erreurs, non pas faute de compréhension du passé mais de l’avenir. Mais la connaissance de notre passé est elle toujours salutaire ? Pouvons nous toujours assumer la vérité, ou notre vérité n’est-elle pas suffisante à porter ? Est-ce l’occultation de la vérité qui est problématique ou sa révélation ?
Cette question pose un double problème. L’histoire est elle une lecture objective du passé ou une interprétation plus ou moins arbitraire ? Si l’on se place d’un point de vue universel, l’Histoire des sociétés, des nations, de l’humanité a-t-elle quelque chose à gagner à se tromper elle-même ? Mais les enjeux sont-ils si différents du point de vue individuel ? La recherche de l’objectivité semble simplement plus contrôlable à l’échelle collective qu’individuelle. Ce sont les caractéristiques de la science qui peuvent rapprocher Histoire et objectivité. _ L’introspection individuelle (même par le biais de la psychanalyse) paraît beaucoup plus arbitraire dans sa quête de vérité. Mais une fois encore, a-t-on besoin de la vérité pour vivre ou de sa propre vérité ?
Ce qui renvoie au deuxième volet du problème : la vérité objective répond elle à un besoin éthique ou a une nécessité pragmatique ? Vaut il mieux vivre dans le secret ou mourir dans la vérité ? De manière moins manichéenne, il semble difficile de considérer une société qui construirait son « contrat social » sur le mensonge (en tout cas la non vérité). Quant à sa propre existence, c’est peut être à l’aune de ses névroses que l’on mesure son besoin de vérité !
Il y a finalement moins de différences entre histoire personnelle et Histoire universelle qu’entre Histoire et passé. Il faut que du temps s’écoule pour construire l’Histoire, alors qu’en quelques millièmes de seconde notre passé s’écoule. Mais le passé existe-t-il vraiment ? Il semble que le passé n’est pas de réalité propre en dehors de ce que le temps lui offre comme qualité. Le passé se superpose au temps et n’existerait que dans lui. Selon ce critère, on peut également interroger la réalité du présent et de l’avenir. Celui-ci parce qu’il n’existe pas encore et qu’il est incertain ! Qui peut être sur que la seconde à venir advienne réellement ; quelque cataclysme ne va-t-il pas détruire la planète avant que j’aie fini ma phrase ?
Quant au présent si éphémère, nous l’attendons depuis si longtemps qu’il est déjà passé ! A bien y réfléchir, la seule certitude que nous puissions avoir n’est-elle pas celle du passé. On peut également ainsi avancer que le passé est le vecteur sur lequel s’est construit la vie (c’était alors le présent). S’il continue à exister, c’est par le retour présent que nous faisons vers lui, tant par le souvenir (la mémoire) que par l’agir (ce qui continue d’influencer notre histoire). Ainsi, on peut préférer à l’idée que le passé n’existe pas, l’idée que celui-ci a existé et continue d’exister. La preuve de son existence nous est fournie par la trace que nous laissons au monde (individuellement et universellement), c’est-à-dire le sens de notre vie. Nos histoires respectives se forgent à partir du chaos de notre passé.
Cette volonté de certitude du passé renvoie peut être à la nécessité quasi existentielle de laisser une trace. Ne faut il pas se pincer pour savoir si nous sommes dans la réel, vérifier la présence de nos fèces pour lutter contre le néant, produire une trace pour confirmer notre existence et affirmer notre identité ?!
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Café-philo du 2 janvier 2008 au Café des Arts à Poitiers
11 personnes présentes.
Sujets proposés :
- Zidane est-il parti sur un coup de tête ? [2]
- Y a-t-il des transactions où la monnaie d’échange n’est pas de la monnaie ? [5] sujet débattu
- Quelle est la place du jeu chez l’homme et dans la société ? [2]
- Qu’est-ce que l’illusion ? [4]
- Qu’est-ce que l’on attend pour être heureux ? [2]
- La science peut-elle tout expliquer ? [2]
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Les sujets débattus au café-philo de Poitiers en 2008
Les sujets du café philo de Poitiers débattus en 2008
Décembre
- Philosopher permet-il de déconstruire ?
- Le rapport entre l’homme et l’environnement est-il un nouveau thème de philosophie ?
- L’homme est il un loup pour l’homme ?
Novembre
- Qu’est ce que le bon sens ?
- Choisit-on le moment de sa mort ?
- Peut-on se passer de richesse ?
- Comment être aimable ?
Octobre
- Et si tout n’était que physique et chimie ?
- Faut-il mépriser les hommes pour pouvoir vivre avec eux ?
- Avons-nous un devoir d’être humain ?
- La passion est elle inhérente à tout avancement ?
- Peut-on moraliser le capitalisme ?
Septembre
- La recherche du plaisir est elle le moteur de l’activité humaine ?
- La connaissance est elle l’essence de l’existence ?
- Est ce nous qui façonnons la société ou est ce elle qui nous façonne ?
- Sommes-nous civilisés ?
Août
- Pas de sujet
Juillet
Juin
- L’homme est-il une femme comme les autres ?
- Peut on désirer sans souffrir ?
- La fin justifie-t-elle les moyens ?
Mai
- A-t-on perdu toute naïveté ?
- Un adulte doit il faire preuve de maturité ?
- Faut-il être sur de soi pour réaliser ses rêves ?
- Le voyage permet-il ce que le temps met peu à peu ?
Avril
- Qu’est ce que la féminité ?
- La philosophie peut-elle permettre à l’homme de prendre conscience de sa véritable place ?
- Pourquoi l’égalité a-t-elle fait naitre la compétition ?
- Faut-il la révolution maintenant ou au fur et à mesure ?
- La nature fait elle bien les choses ?
Mars
- Qu’est ce que la virilité ?
- La vie est elle une pièce de théâtre ?
- Qu’est-ce qu’être ?
- Pour vivre doit-on se soumettre ?
Février
- Le réel fini toujours par prendre sa revanche ?
- L’ignorance est elle le rempart du bonheur ?
- Pourrait-on vivre sans religion ?
- L’amour est il désormais au rayon des consommable ?
- L’amour est-il d’abord alimentaire ?
Janvier
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Café-philo des Trois-Cités du 21 décembre 2007 au CSC du Clos Gaultier à Poitiers
4 personnes présentes.
Sujets proposés :
- La colère est elle bonne conseillère ? [1]
- Faut-il abolir la propriété privé ? [2]
- Faut-il croire au Père Noël ? [2]
- Politiquement correct ! Langue de bois ? [3]
- A-t-on le droit de dire ce que l’on pense ? [4] sujet débattu
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