par Tous Philo

Articles de l'auteur

Café-philo du 7 novembre 2007 au Café des Arts à Poitiers

21 personnes présentes.

Sujets proposés :

  1. Tout est-il politique ou tout est il sexuel ? [8]
  2. Qu’est ce qu’un sujet ? [3]
  3. Est-il nécessaire d’être informé ? [4
  4. Les Français n’aiment pas les inégalités, mais aiment les privilèges ? [9]
  5. Pourquoi Aline a les ongles longs ? [6]
  6. Comment apprendre à vivre ? [11] sujet débattu
  7. Doit-on trouver une explication à tout ? [10]
  8. L’histoire a-t-elle une fin ? [4]

– Qu’est-ce que vivre, a-t-on un idéal de vivre et comment cet idéal résiste t-il aux tensions de la vie ? Dans cet enfer physique, biologique, social de la vie, peut on acquérir une sorte de machiavélisme qui nous permet de rendre coup pour coup ?
– Vivre renvoie à la question du bonheur : peut on apprendre à être heureux ? peut on acquérir une sagesse suffisante qui nous conduise au bonheur ?
– Savoir vivre, c’est être dans un état d’autosatisfaction, ce qui renvoie à l’innocence de la vie, position originelle de l’existence (voire inné).
– La question n’a pas de sens, si on n’en reste à la dimension biologique.
– Si on doit apprendre à vivre, c’est que l’on ne sait pas ! Mais pourtant, quand on naît, on sait vivre. Après, ce que l’on apprend, c’est une adaptation au monde. Nous avons alors à apprendre à vivre parce que l’Homme est un animal social. Il doit donc s’adapter à son environnement par l’apprentissage de codes sociaux mais aussi de valeurs, de pratiques, de techniques, etc. Ce processus est également indispensable car, contrairement à la fourmi, à l’abeille et autres termites, qui sont également des animaux sociaux, les structures d’adaptation ne sont pas finalisées chez l’homme. Ainsi, non seulement l’homme peut il apprendre (cf la plasticité de son cerveau qui renvoie à la dimension biologique) mais il doit apprendre car cela constitue un impératif de vie : ni son destin, ni son affectation sociale ne sont déterminés. Ce qui est inné chez l’Homme, ce sont les structures qui le (pré ?)-disposent à exister en tant qu’Homme : intelligence, conscience, marche bipède, la pince pouce/index, etc. Le reste, comme disait l’Autre, c’est de l’intendance. Ainsi, notre rapport au monde se construit aux travers des différentes acquisitions que nous faisons, chemin faisant, à la fois possibles et nécessaires, contrairement à la ci-devant termite qui est, dès son éclosion, immédiatement prête à vivre, telle qu’elle est programmée biologiquement. L’inné relève de données structurelles et l’acquis, de mécanismes fonctionnels. Mais ceci ne résout pas la question du SOI, des choix, de l’autonomie et de la liberté, des déterminismes…
– Apprendre à vivre c’est entrer en résistance. Ou entrer en harmonie.
– Vivre, c’est exister dans la difficulté. La vie est une succession d’efforts. On apprend moins dans la facilité que dans l’adversité. Pourtant, on peut vivre heureux dans la facilité.
– Il y a souvent un présupposé que la vie est difficile, ce qui n’est pas sur.
– Quelles sont les conditions qui font que le quotidien est facile à vivre ? Notre rapport à la vie est un rapport de frustrations permanentes, de renoncements, notamment du fait de la présence des autres. Toute vie en société impose des contraintes qui sont souvent autant de renoncements de tout ou partie de nos idéaux.
– « L’enfer c’est les autres », mais si l‘enfer c’est les autres, alors, ne sommes nous pas, nous-mêmes, un petit bout d’enfer… pour les autres ! Cela ne revient-il pas à dire que l’enfer c’est nous-mêmes ?
– « Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard ». – On respire, donc on vit : c’est naturelle. – On ne peut peut-être pas apprendre à vivre mais on peut apprendre à survivre.
– On ne peut commencer à vivre que quand on a contenté ses besoins primaires (cf MASLOW).
– Vivre, ce n’est pas seulement vivre pour soi mais aussi pour les autres.
– Vivre, c’est continuer d’exister dans la pensée des autres.
– Vivre, c’est accepter le mouvement. En physique, tout frottement produit de l’énergie qui produit de la chaleur. Pour qu’il y ait vie, il faut qu’il y ait frottement !!!
– On pourrait avancer que vivre, c’est à la fois être et exister. Être, c’est-à-dire naître, sans que nous n’y puissions rien ; recevoir le cadeau de vivre, indépendamment de notre volonté. Certains considèrent cependant (cf F DOLTO) que si chacun d’entre nous vit, c’est qu’il l’a choisi et voulu. Il est pourtant difficile de savoir comment et à partir de quand s’exprimeraient ce désir et cette volonté de vivre, au sens de naître donc d’être ! Notre essence se confond avec notre nature et nous surplombe, nous dépasse par la volonté des autres (nos parents biologiques) de nous donner la vie. Ainsi, tout ce qui se passe avant notre naissance (mais à quel moment naissons nous vraiment ?!) ne nous appartiendrait il pas, c’est nous qui lui appartenons. Mais il ne suffit pas d’être pour vivre, encore faut-il exister. Exister, c’est construire un rapport au monde, sensible, intellectuel, spirituel, éthique,… qui nous aide à oublier le tragique de la vie : la mort. Exister, c’est à la fois accepter de mourir, donc renoncer à la vie, sous entendu éternelle, tout en la parcourant à la recherche d’un équilibre interne (Eros/Thanatos) et externe, c’est-à-dire social (frustration, renoncement/satisfaction, harmonie).
– Aucun maître ne peut nous enseigner la vie. On apprend à vivre grâce aux autres mais cela reste une expérience personnelle. D’ailleurs, ne dit on pas de ses propres expériences : c’est du vécu ! C’est un rapport personnel à l’existence. Si on n’avait pas conscience de la mort, la vie serait insupportable.
– Quel est le sens collectif de la vie ?
– Vivre dans l’astérité, n’est-ce pas renoncer à la vie ? cf les chartreux.
– Il n’y a pas de norme de la vie bonne. Pourtant, nous vivons dans une société de frustration et d’accumulation qui constitue une sorte de modèle. C’est en référence à ce modèle que naissent la plupart des frustrations. Il n’est pas sur qu’à l’âge de pierre, il n’y ait pas eu autant de frustrations mais en regard d’un référentiel différent.
– A-t-on un SOI véritable, n’est-ce pas justement la synthèse que l’on fait de nos expériences ?
– On vie en conformité avec son environnement mais en cherchant à en faire une synthèse singulière. Nous ne sommes que de l’acquis.
– Existe t-il de purs actes de volonté ; de purs choix ? Finalement, ne sommes nous pas toujours agit ? Ne sommes nous pas toujours dans le conformisme de notre éducation, des normes sociales, de nos intérêts ?
– Je ne suis pas que le produit de mon histoire, j’en suis aussi le producteur. Exister, c’est d’abord être au monde et donc être le produit de certains déterminismes (biologique, culturel, physique,…). Mais, parce que chaque individu à le pouvoir et la nécessité de se construire pour pouvoir exister, il va se produire, en tant que personne, dans une expérience originale et entretenir un rapport singulier au monde : soumission, opposition, interrogation,… et donc par sa (ré)-action, idéelle et matérielle, influencer le monde, individuellement ou collectivement. Et puis, dans ce rapport de produit/producteur, il y a le hasard qui intervient, là où on ne l’attend pas !!!
– Se suicide t-on parce que l’on n’a pas la sensation d’exister ou parce que l’existence est devenue insupportable ?
– Comment sait on qu’on a vécu ?
– L’espérance est un risque à courir.

Lien Permanent pour cet article : https://philopartous.org/2007/11/cafe-philo-du-7-novembre-2007-au-cafe-des-arts-a-poitiers/

Café-philo du 31 octobre 2007 au Café des Arts à Poitiers

11 personnes présentes.

Sujets proposés :

  1. Sommes-nous responsable, d’être ce que nous sommes ? [9] sujet débattu
  2. Le respect de la différence de l’autre dans la société [6]
  3. Le langage rassemble-t-il ou particulariste-t-il l’homme ? [7]
  4. Le progrès va-t-il dans le bon sens ? [4]
  5. Peut-on tout tolérer ? [5]

Sommes-nous responsables d’être ce que nous sommes.
– Dans la multitude des êtres humains nous observons des différences importantes. Dans quelles mesures sommes nous des acteurs de ces différences ?
– Faut-il entendre ce « nous » en tant qu’espèce ou bien la question s’adresse t-elle à « je » en tant que personne, autrement dit chacun de nous ? Car ce que nous sommes en tant que personne, n’influence pas forcément ce que nous sommes en tant qu’espèce.
– Sommes nous responsables d’exister en tant qu’Homme, c’est à dire en tant qu’espèce, ou en tant que personne ?
– Qu’est qui est du domaine de l’inné, de l’éducation, de la mise en œuvre personnelle de notre construction ?
– Du déterminisme génétique au déterminisme social, sur quoi agissons nous pour construire notre histoire ? Quels choix a-t-on réellement ?
– Déterminisme et déterminants sont-ils équivalents et peut on réellement parler de déterminisme ? Le déterminisme implique qu’à une situation de départ « A » correspondra toujours une situation terminale « B », dans un environnement identique.
– Quel place le hasard (ou la providence) occupe t-il dans l’administration de notre existence ?
– L’Homme est constitué de multiples dimensions : biologique, sociale, affective, intellectuelle,…mais est-il UN ?
– Quelle (s) responsabilité (s) avons-nous dans les choix que nous exerçons ? Qu’est-ce que la responsabilité ? Il y a des choix qui ne dépendent pas de nous. Mais, lorsque nous choisissons, sommes nous libres de nos choix, ou ceux-ci nous sont-ils dictés.
– Par qui ces choix sont-ils dictés ? Quelle est la main invisible qui nous place où nous sommes et dont nous ne serions que les instruments ? dieu, la société, la nature humaine… ?
– Choisir, c’est juger. La responsabilité, c’est la liberté de faire des choix.
– La liberté de faire des choix n’existe pas. Ce n’est qu’un alibi pour trouver des responsables. Comment peut on établir cette part de responsabilité, à part dans un cadre juridique ?
– Avoir son libre arbitre, n’implique pas que nous fassions les bons choix.
– Si nous ne sommes pas responsables, alors notre vie se rapproche de celle des animaux.
– Notre responsabilité s’exerce par la raison qui permet la prise de conscience des déterminismes auxquels nous sommes inféodés. Mais si cette prise de conscience est une étape nécessaire, elle ne suffit pas, à elle seule, à maîtriser ces déterminismes.
– On ne peut pas être responsable d’être car notre être constitue notre essence (notre nature ?) et celle-ci nous précède en tant qu’individu et en tant qu’homme. C’est cette essence qui nous fait advenir en tant qu’Homme. En revanche, notre nature nous permet peut-être partiellement, d’être responsable de notre existence, c’est-à-dire de notre vie. Ainsi, avons-nous éventuellement la responsabilité de mettre fin à notre existence par le suicide, mais ne savons nous pas ce que notre être devient : paradis, réincarnation, poussières,…
– Il n’y a pas plus de destin social que de divine Destinée
– Il y a des contingences sociales qui s’exercent comme une pression sur nous-mêmes.
– L’homme est dans une tension au monde. Quelque soit le moment où nous arrivons dans le monde, nous arrivons dans un monde structuré, organisé et en mouvement. Nous posons le pied dans un réel déterminé et donc déterminant. Mais si ce réel s’impose à nous d’emblée, ce n’est pas pour autant que nous ne portons pas sur ce réel un regard différend, une sensibilité singulière, une compréhension particulière. Chacun d’entre nous produit sa propre intelligence du monde, sa propre sensibilité au monde et construit sa propre réalité du monde, à la fois parce que le réel ne se donne pas à voir dans son objectivité, c’est-à-dire son immuable totalité, donc ne s’impose pas identiquement à chacun, mais aussi parce les hommes, en développant leur être, développe leur autonomie par rapport au monde, c’est-à-dire leur capacité à se le représenter différemment. La réalité c’est le réel fantasmé.
– On est le produit individuel de notre culture autant que nous en sommes les artisans collectifs. C’est-à-dire qu’il y aurait, au moins, une responsabilité collective à agir sur le monde
– Plus le monde est complexe et moins nous avons de maîtrise sur lui.
– Lorsque l’on accepte ce qui se produit, on est plus à l’aise pour vivre. L’acceptation de soi nous libère de notre toute puissance puérile. Elle nous permet de prendre acte que nous sommes imparfaits et mortels et donc que nous pouvons apprendre et vivre. Si nous ne sommes ni à l’image du père, ni à l’image de dieu, alors nous pouvons agir et nous tromper.
– Les pédophiles sont-ils responsables de leurs actes. Ne sont-ils pas eux-mêmes victimes de ce qu’ils ont subi ?
– Tous les enfants violés deviennent pédophiles. ….
– Tous les pédophiles sont des enfants violés. ….
– Ca, pour la vision déterministe, mais pour une vision de la responsabilité :
– Tous les enfants violés ne deviennent pas pédophiles. …
– Tous les pédophiles ne sont pas des enfants violés. ….
– Qu’est-ce qui nous pousse à prendre des décisions ? – D’où cela vient que certains font ce qu’ils font – pervers ou créatifs

Lien Permanent pour cet article : https://philopartous.org/2007/10/cafe-philo-du-31-octobre-2007-au-cafe-des-arts-a-poitiers/

Café-philo du 24 octobre 2007 au Café des Arts à Poitiers

16 personnes présentes.

Sujets proposés :

  1. Qu’est ce que l’intelligence ? [1]
  2. Dans quelle mesure la nature s’oppose-t-elle à la culture ? [5]
  3. Le travail doit-il être une passion ? [6]
  4. Pourquoi êtes-vous là ? [9] sujet débattu
  5. L’intelligence est elle une question de nature ou de culture ? [4]
  6. Peut-on se passer du quotidien ? [3]
  7. Quel goût a l’effort ? [2/15]

– Qu’est-ce qui motive ces rencontres à parler de choses qui n’ont pas de fin ? Pourquoi parler de philosophie ?
– Peut on comprendre la question de manière très générale ? Pourquoi est on sur terre, ou pourquoi est on vivant ?
– Est-ce que la question doit se comprendre en terme de causalité : pour quelles raisons sommes nous là ; ou en terme de perspective : pour quoi faire sommes nous là ?
– Ceci est un vrai sujet de philosophie car il est soumis à plusieurs acceptions.
– Pour être ensemble. C’est une question de sens ; car c’est l’humain qui est intéressant pour certains mais également parce que c’est un moyen pour ne pas être seul (causalité).
– On est là parce que l’on est vivant et que l’on exprime ainsi notre nature grégaire ; mais on est également là pour répondre à un désir ou à un intérêt personnel ; quand bien même tout cela se met il en place par hasard. Dans ce contexte, on est là pour oublier que l’on va mourir.
– Est-ce bien sur que ceci soit une vraie question de philosophie, car toutes ces évocations semblent davantage relever de la psychologie tant elles mettent chacun en scène dans son parcours et ne semblent pas relever d’une forme d’universalité. Le sujet peut être philosophique mais traiter d’un point de vue psychologique. – « Je réfléchis pas, je dis ce que je pense ».
– C’est un lieu de réflexion commune. – On est là pour échanger des idées ; ce que nous n’avons pas pu faire dans le reste de la semaine !
– Ce sont les règles de fonctionnement qui sont importantes et qui renvoient à la dimension philosophique. Ceux qui n’adhèrent pas aux règles s’excluent d’eux-mêmes.
– Tout sujet peut être traité de façon philosophique. Les règles qui déterminent un cadre ne peuvent à elles seules définir la dimension philosophique de la réflexion. Ainsi, il y aurait une manière particulière de traiter philosophiquement un sujet : quelle est elle ? Qu’elle est la nature de cette réflexion ?
– Psychologie ou philosophie ou sociologie, on parle toujours de soi.
– Le café philo est un moment de partage, d’apports, de convivialité, des respects des règles, de démocratie. La philia, c’est le lien et l’amitié.
– On est encore sur une définition de la forme et non du fond. Il semble qu’une équipe de rugby puisse répondre à cette définition.
– Non, car l’équipe de rugby n’a pas de discours.
– C’est à voir !!
– Le café philo permet de penser en commun, indépendamment des affects.
– Ce qui nous (ré) unis, c’est l’appétit.
– Nous sommes en relation.
– Nous sommes des penseurs pendant 2 heures.
– Nous sommes venus par choix, sans obligations.
– Ici nous sommes devenus de grands auteurs car nous pensons par nous-mêmes, sans références aux grands auteurs.
– La philo, c’est la science de la parole, autrement dit ce qui constitue le lien social.
– Il n’y a pas d’antagonisme à parler de l’histoire des hommes, c’est-à-dire de psychologie ( ?!) et de l’histoire de l’Homme qui serait alors philosophie ( ?!).
– Il y a bien sur un lien entre l’universel et le particulier mais la philosophie me semble avoir à dire quelque chose de l’universel alors que la psychologie nous dit quelque chose de l’individuel. De plus, chacune de ces disciplines sont spécifiques car l’universel n’est pas la somme des particuliers et inversement. Il n’y a pas antagonisme mais continuité de l’un à l’autre : cf ipséité. Mais, pour autant, ce n’est pas la même chose. Il peut être utile, tout en reconnaissant que lorsque l’on prend la parole, on convoque différentes dimensions de soi, de savoir dans quel champ disciplinaire on se situe. Cette clarification peut éviter la confusion des genres.
– Les règles qui président à ce cercle ne sont pas des règles de la philosophie mais de la bienséance que l’on peut retrouver dans d’autres environnements non philosophiques.
– La philosophie n’a pas d’objet, la psychologie en a un.
– Existe-t-il un savoir philosophique ? si oui, on vient au café philo, indépendamment des personnes et des sujets à traiter et mêmes des règles ; si l’on vient pour rencontrer des personnes et faire du lien, peu importe que l’on philosophe ou pas ; l’important c’est d’être ensemble,dans des règles de convivialité.
– Pourquoi serait-ce péjoratif de dire que l’on fait de la psychologie ?
– La philosophie n’est pas un discours mais une manière de vivre.
– Dire que la philosophie est une discipline est une vision scolaire qui tend à saucissonner des matières. C’est une manière d’être. On peut parler de tout sans aucune connaissance. Il n’y a pas de paroles qui valent plus que les autres. Si il y avait une discipline philosophique, alors le premier homme à avoir fait de la philosophie n’aurait pas pu être considéré comme un philosophe. Car personne ne pourrait le légitimer dans ce statut.
– Il y a ici, me semble t-il une confusion. Le fait de dire qu’il y a une discipline philosophique n’implique pas que ce champ existe a priori, mais à l’instar de nombreuses matières il se construit et/ou s’identifie « en marchant ». Ainsi, nous pourrions dire du premier « philosophe », qu’il était le premier philosophe, a posteriori, une fois la discipline constituée. C’est le drame de jésus… La philosophie ne traite pas de la physique mais du méta physique. La physique et toutes les matières qui relèvent de la science du matériel, préexistent à l’Homme et indépendamment de lui. Il a seulement à les identifier et à les organiser. La philosophie n’est pas une science et ne relève pas du matériel mais de l’idéal. Elle n’existe que par l’Homme puisque c’est lui-même qui en constitue l’objet central. C’est pour cela qu’elle doit se construire dans une recherche d’universalité, faute de quoi, elle ne relève que de l’individualité.
– La philosophie se retrouve dans les actes et pas seulement dans le discours
– Le respect des règles du café philo, c’est autant le respect de l’expression des idées de l’autre que de l’autre lui-même.
– On a pas besoin d’être en amitié avec les participants du café philo. Même dans l’hostilité des personnes, le dialogue reste possible dans le respect du cadre.

Lien Permanent pour cet article : https://philopartous.org/2007/10/cafe-philo-du-24-octobre-2007-au-cafe-des-arts-a-poitiers/

Café-philo des Trois-Cités du 19 octobre 2007 au CSC du Clos Gaultier à Poitiers

7 personnes présentes.

Sujets proposés :

  1. La violence peut-elle être juste ? [6] sujet débattu
  2. Le travail sur le mandala « Image peinte, groupe de figures géométriques (cercles et carrés principalement » illustrant symboliquement, dans le bouddhisme du Grand Véhicule et le tantrisme, un aspect du monde physique en relation mystique avec le divin) peut-il canaliser la violence ? [0]
  3. A-t-on le choix de son destin ? [4]
  4. Les hommes sont-il méchants naturellement ? [3]
  5. Va-t-on s’en sortir ? [2]

– Qu’est-ce que la violence ? Y a-t-il une différence entre la violence et l’agressivité ? Violence individuelle et violence collective ont-elles le même statut ?
– Il est nécessaire d’identifier les différentes déclinaisons de la violence, afin que l’on puisse repérer qu’un acte de violence brutale est parfois la réponse à une oppression plus insidieuse : cf les manifestations urbaines de 2005.
– La violence peut être tournée contre soi même.
– La violence peut être physique, verbale, muette même, morale, mais aussi symbolique. La violence symbolique trouve sa légitimité dans l’organisation et le maintien d’un ordre social qui lui-même n’est pas forcément légitime ou légal. Cette violence doit s’inscrire dans un cadre licite, faute de quoi elle perd son statut de symbolique. La violence symbolique s’inscrit dans un large processus de normalisation (éducation, socialisation), et de ce point de vue, ne constitue pas une rupture du lien social, au contraire de la violence brutale (répression) mais en garantit son maintien, sa continuité et éventuellement son évolution.
– L’agressivité peut être comprise comme une pulsion dynamique qui va mobiliser de l’énergie pour atteindre un objectif. La violence s’inscrit éventuellement dans cette continuité mais la maîtrise échappe à son auteur et a pour conséquence une rupture du lien social. Paradoxalement, l’origine de la justice se trouve justement dans la violence. La société initiale est une société sans justice où règne la violence au travers de la loi du plus fort. Pour que cesse ce cercle vicieux, il faut que s’impose une violence supérieure, c’est-à-dire « l’ultime violence » (R GIRARD) qui empêche la violence en instaurant la justice, mais aussi la police. Car sans la force, la justice n’est rien ; ou plutôt elle n’est qu’un vœu pieux, attaquée de toute part par l’Homme qui est en quête permanente de pouvoir. Ainsi, s’existerait-il une juste violence, justifiée par la violence originelle (cause) et en tant qu’elle instaure une forme de loi qui a-juste les rapports sociaux (effet).
– Pour M WEBER, l’Etat a le monopole de la violence légitime. Il existe donc une violence instituée ou légale dont on peut penser qu’elle a pour objectif l’union de la Nation et donc sont uniformisation (ou sa normalisation), la recherche d’une organisation au travers d’une cohérence interne.
– Qu’est-ce que la juste violence ?
– Ce qui est juste est-il légitime ou y a-t-il besoin d’une légitimité pour être juste ?
– La violence, à défaut d’être juste, pourrait cependant être au moins justifiée ; c’est-à-dire qu’elle peut constituer une réponse à une agression, allant même jusqu’à devenir vital. C’est, par exemple, la légitime défense. Néanmoins, cette violence justifiée en tant que réponse à l’agression, ne constitue pas pour autant une réponse juste en soi. Car la justice (justesse ?) d’un acte ne s’exprime pas dans l’absolu. Elle se « mesure » par rapport à un référentiel ; par exemple, des valeurs.
– La lutte armée religieuse ou politique est juste, au nom de la religion ou de la politique.
– La violence est une expression particulière à laquelle on a recours lorsque l’on ne peut plus faire appel à une communication normalisée. C’est éventuellement une recherche pour faire sa place.
– A moins que la violence ne relève d’un archaïsme que l’on ne peut refouler !
– Il y a, aujourd’hui, plus de violence dans le monde du travail, qu’il n’y en avait il y a 20 ans.
– La violence dans le travail vient de ce que l’on est passé d’une autorité des rapports hiérarchiques à un autoritarisme dans ces mêmes rapports.
– Pourquoi respecte t-on la loi ? Peut-être parce qu’on a peur de l’autorité, c’est-à-dire de la force, ou encore parce qu’on adhère aux valeurs sous tendues par cette loi.
– Ainsi, l’autorité peut elle être « le masque cachée de la violence » ; c’est donc dans la peur que s’instaure le respect de la règle, ce qui constitue finalement un retour à la situation originelle.
– Ou bien, est-ce par le biais de notre éducation/socialisation que nous intégrons les valeurs qui nous font respecter la loi. N’est on pas alors dans l’exercice d’une violence symbolique, et pourtant nécessaire, d’un pouvoir dominant à l’égard des autres.
– Toute opposition (imposition) est une violence
– Il ne faut pas voler, mais la pire des injustices résulte de l’inégale répartition des biens.
– On ne demande pas à l’entreprise d’être moral mais de produire et gagner de l’argent dans le respect de la légalité. C’est au pouvoir politique de réguler et de garantir la bonne moralité des chefs d’entreprise par la loi.
– L’injustice vient de l’inégalité mais l’inégalité est consubstantielle à la nature humaine.
– Il y a des inégalités qui sont des injustices.
– La violence est juste lorsqu’elle cherche à mettre les biens en commun.
– La juste violence est celle qui produit un ordre social juste, c’est-à-dire égalitaire.
– Une juste violence est une violence qui améliore la justice sociale.
– Une juste violence est celle qui institue de l’égalité entre les rapports de force
– Un monde sans violence nécessite la bonté de l’homme. Au-delà même, un ensemble de vertus qui ne sont que génériques mais dont peu de gens ne dispose en réalité.
– Le but de la vie n’est pas de s’enrichir mais de vivre mieux.
– Chacun devrait être reconnu dans ce qu’il fait et dans ce qu’il est.
– Chacun finit par être à sa place là ou il est arrivé. Il n’est pas sur qu’il existe une destinée sociale qui organiserait la société selon une planification équilibrée.
– Ne pas obéir à certaines lois est une résistance qui peut être justifiée, si elle n’est pas brutale.

Lien Permanent pour cet article : https://philopartous.org/2007/10/cafe-philo-des-trois-cites-du-19-octobre-2007-au-csc-du-clos-gaultier-a-poitiers/

Café-philo du 17 octobre 2007 au Café des Arts à Poitiers

24 personnes présentes.

Sujets proposés :

  1. On n’arrête pas le progrès ? [4]
  2. La violence peut-elle être juste ? [11]
  3. En amour doit-on tout accepter, ou seulement une partie ? [6]
  4. Pour philosopher doit-on douter de tout ? [6]
  5. Faut-il agir pour donner du sens au temps ? [12] sujet débattu

– C’est une question qui interroge le sens de la vie. La vie a-t-elle un sens qui lui est donné a priori ? Une sorte de transcendance, ou bien est-ce à chacun de le construire pour sa propre vie.
– Il y a un autre sous-entendu, autour de l’action politique et de sa quête pour transformer le monde.
– Peut-on ne pas agir ? Si on n’agit pas, on s’ennuie.
– On peut agir dans l’immédiateté et agir en anticipant.
– Agit on pour être heureux ou simplement pour agir, c’est-à-dire pour remplir un temps ? Et parce que l’on n’a pas le choix ?
– Ne pas agir, c’est subir la vie et laisser le temps s’écouler sur nous.
– Penser n’est pas agir : on peut rester paralyser par sa pensée et ne rien faire. On peut également agir sans penser.
– Agir c’est réfléchir sur ce que l’on fait. Penser est-il agir ?
– « Les philosophe n’ont fait que penser le monde, ce qui compte, c’est de la transformer. » K MARX – Agir sans penser n’est pas agir, mais réagir. Un peut en effet réagir par instinct ou par réflexe, ce qui renvoie à des comportements animal ou archaïque. L’action relève d’une intention ; son statut est donc soumis à une pensée qui organise l’acte et lui confère une direction.
– Le sens exprime une direction mais également une compréhension du monde.
– Y aurait-il une transcendance qui détermine le sens de nos actes, une sorte de destin qui ferait que nos actes ne consistent qu’à se rapprocher de ce destin mais sans que nous ayons notre propre liberté ?
– Certains disent que si l’Homme n’existait pas, il n’y aurait pas de temps. Je pense que le temps est une donné autonome qui échappe à la présence humaine, comme la terre par exemple !
– De ce point de vue, c’est aussi une donnée objective et universelle qui s’affranchit des contingences humaines. Ainsi en est-il du jour et de la nuit, du cycle des saisons, c’est-à-dire d’un rythme et d’une permanence. Mais le temps est également une donnée subjective, autrement dit l’Homme structure et appréhende le temps de façon relative. Le temps n’est pas le même tout le temps et pour tout le monde. Il est des minutes qui paraissent extrêmement longues, notamment lorsque l’on s’ennuie et où il faut tuer le temps, et des heures trop brèves. Il y a également une dimension culturelle ; par exemple, une nation structure le calendrier en fonction de sa représentation du monde ; le calendrier révolutionnaire, grégorien, lunaire, musulman,… Ces exemples fondent l’idée que sur un temps objectif, il y a la marque, individuelle ou culturelle, c’est-à-dire collective, de l’Homme sur le temps ; action qui est le fruit de ses représentations du monde, de ses croyances, de ses buts. – L’Histoire, la grande comme les petites, semble également être une manifestation de l’impact de l’Homme sur le cours de la vie. C’est bien effectivement l’action humaine qui produit l’histoire et qui oriente dans un sens ou un autre l’avenir de l’Homme. Il y a d’ailleurs, parfois, une action de l’Homme qui tente de relire l’Histoire ou de la déconstruire.
– Le sens qu’on donne au temps est a posteriori : on laisse une marque dans le temps.
– Le sens qu’on donne au temps est a posteriori : on laisse une marque dans le temps.
– On peut agir sur le contenu du temps mais pas sur sa durée. Mais, en fonction de ce contenu, notre perception de la durée du temps fera qu’il sera vécu comme plus ou moins long. Ainsi n’agit on pas sur le temps mais sur notre rapport à celui-ci.
– Le temps est une inexorable platitude qui nous oriente définitivement vers la mort – ou vers l’éternité pour certains.
– On ne donne pas de sens au temps mais à la vie.
– Le temps va toujours dans le même sens, c’est-à-dire qu’il s’écoule inexorablement dans le même sens. Si l’on peut regarder en arrière, on ne peut pas agir sur ce qui s’est passé.
– Y a-t-il une différence de statut entre l’action de l’humanité et l’action individuelle ?
– L’action, quelle qu’elle soit, ne conduit elle pas toujours, dans son intention, à donner du relief au temps ce qui revient à remplir sa vie d’une façon ou d’une autre ! C’est l’importance de l’effet qui serait plus ou moins grand, selon que l’on est plus ou moins influent ou que l’on se trouve dans une zone plus ou moins influente.
– Lorsque l’on travaille à la chaîne, donne t-on du sens à sa vie ? Oui, car le sens que l’on donne à sa vie peut être une conséquence de l’action et pas l’action elle-même. C’est-à-dire le fait de gagner de l’argent et de l’utiliser à quelque chose que l’on souhaite, va contribuer à donner du sens. D’autre part, le sens est peut être de travailler. La nature péjorative du travail effectué intervient secondairement, mais permet quand même de répondre à la question initiale. Car si le travail à la chaîne permet de dire : « ma vie n’a pas de sens », cela sous entend qu’un autre travail pourrait donner du sens et donc qu’agir donne du sens.
– Le sens de la vie n’est pas linéaire mais parfois incohérent
– Le fait d’agir pour donner du sens n’implique pas que l’action posée soit positive ou bénéfique ou cohérente ou encore rationnelle. Il n’y a pas de connotation favorable a priori, justement puisque c’est l’Homme qui agit et que l’Homme, animal doué de raison, n’en est pas moins irraisonnable par moment. Il suffit de faire un retour sur l’Histoire pour en percevoir les effets les plus absurdes.
– L’art n’est il pas une dimension universelle qui peut donner du sens en parlant à chacun dans son émotivité, ses sensations et sa pensée.
– L’art utilise des codes qui ne sont pas accessible à tous. De plus les émotions relèvent le plus souvent de la perception individuelle du monde. Il y a parfois une opacité de l’art qui rend le discours hermétique. Il est donc difficile de croire à l’universalité de l’art mais plutôt à l’organisation d’une stratification sociale et culturelle ; stratification obtenue à partir d’un codage opéré par une intelligentsia, elle même soutenue par une élite financière.
– L’art n’est pas un construit mais une création pure. A partir du moment où cela relève d’une technique, ce n’est plus de l’art.
– Mais l’expression de l’art doit s’appuyer sur des supports et sur une manière de faire. Quand bien même cette manière de procéder n’est-elle pas encodée, elle existe, même dans son ignorance d’exister. Cette « technologie » est indispensable à l’expression artistique et à sa transmission. L’important est que la technique n’étouffe pas l’émotion artistique mais la libère. D’autre part, qui dit que l’art est de l’Art ? Qui dit qu’une création est artistique ou ne l’est pas.
– Agir sur le temps, c’est une façon d’oublier notre mortalité. Le sens de la vie, c’est d’échapper à la mort ; ne pas avoir de réponse à cela, c’est la folie – Certaines idéologies tentent de nous faire oublier notre mortalité par les croyances qu’elles distillent ; christianisme et éternité, politique et postérité, famille et procréation,… ainsi tentent elles de fixer le chemin de chacun dans une destinée qui le surplombe (cf les propos de certains hommes politiques sur leur destin national, s’offrant ainsi une supra légitimité).
– Mais la croyance, n’est-elle pas un espoir d’échapper au néant ? Celui-ci peut venir des idéologies ou être le produit de sa volonté propre. Croire, c’est avoir un espoir vers lequel on se tourne et que l’on cherche à atteindre. C’est un mouvement dans une direction.
– Le sens de l’Histoire, c’est assez facile à trouver, c’est assez évident !!! Mais le sens de la vie de chacun, c’est plus compliqué. Il n’y a pas de sens de l’Histoire, d’ailleurs, celle-ci est jalonnée de sens et de contresens. F FUKUYAMA pensait, après la chute du bloc soviétique, que nous étions à la fin de l’Histoire et que le monde allait (enfin) marcher dans le même sens, vers le progrès technique et politique par l’avènement du libéralisme et de la démocratie. Il n’est pas sur que le socialisme ne soit pas au rendez-vous demain, il n’est pas sur que les alter mondialiste emboîtent le pas d’un nouvel ordre économique mondial, il n’est pas sur que l’écologie ne soit pas à l’avenir, le nouveau paradigme universel, il n’est pas sur que la démocratie soit aujourd’hui aboutie (ce système dont on dit que c’est le meilleur, à défaut d’autre chose !). Il n’y a pas de fin de l’histoire parce qu’il n’y pas de téléologie de l’humanité. Celle-ci reste soumise à l’action de l’Homme et à celle des hommes.
– L’action ne prend-elle du sens pour soi que si elle est reconnue par les autres ?
– « Il faut agir, pour satisfaire ses sens pendant un certain temps »

Lien Permanent pour cet article : https://philopartous.org/2007/10/cafe-philo-du-17-octobre-2007-au-cafe-des-arts-a-poitiers/

Café-philo du 10 octobre 2007 au Café des Arts à Poitiers

26 personnes présentes.

Sujets proposés :

  1. Pour philosopher faut-il commencer à douter de tout ? [14]/[12]/[8]
  2. Le bonheur est-il dans l’action où dans la pensée ? [8]
  3. On n’arrête pas le progrès ? [2]
  4. Peut-on se passer du quotidien ? [9]
  5. La jalousie est-elle un aveu d’échec ? [14]/[12]/[9] sujet débattu
  6. Quel goût a l’effort ? [2]
  7. L’action peut-elle être désintéressée ? [10]
  8. Y a-t-il de l’espoir sans volonté ? [7]
  9. Ensemble tout est-il possible ? [2]

– La jalousie relève d’un sentiment, d’une émotion. Ce sentiment est il chronique (c’est-à-dire finalement pathologique) ou ponctuel et pouvons nous le contrôler ? Si certains considèrent que l’on peut maîtriser ce sentiment, ce qui passe par la prise de conscience, d’autres penchent pour son irrationalité. On peut en prendre conscience et le maîtriser intellectuellement mais la raison ne domine pas toujours le sensible ; a fortiori, lorsqu’il est question d’amour, sentiment lui-même peu rationnel.
– La jalousie est de l’ordre du miroir, c’est-à-dire que dans le manque ou la perte de l’objet de nos désir, réelle ou potentielle qu’elle nous annonce, elle nous inflige une blessure narcissique ; nous ne sommes pas capable de posséder l’ objet de nos désirs alors qu’un Autre le peut. Cela relève autant du manque de confiance en soi (de sa propre valeur) que dans l’Autre.
– La jalousie, c’est l’incapacité à partager l’objet aimé.
– La jalousie est elle comparable à l’envie ou bien ne porte t-elle que dans le rapport amoureux ?
– L’envie pourrait être ce que l’on ne possède pas et que l’on convoite, tandis que la jalousie serait la peur de perdre ce que l’on possède.
– Dans chacun de ces deux termes, il y a une présomption de propriété, de possession ainsi qu’un objet aimé, quelque soit la nature de cet objet ; une personne, une voiture, etc.
– La société contemporaine développe beaucoup le fait que sa propre valeur se mesure à l’aune de ce que l’on possède et donc parallèlement le sentiment de frustration et de jalousie (ou d’envie.
– Il y a donc dans la jalousie comme dans l’envie, la présence de l’amour et plus généralement d’un objet libidinal. Alors, être jaloux de son voisin, implique t-il de l’aimer un peu ? Certes non ! Car jalousie et envie convoquent l’une comme l’autre trois « entités » : moi, l’Autre et l’objet de mes désirs, quel qu’il soit. Ainsi l’amour va-t-il vers cet objet et non pas vers celui qui m’empêche d’y accéder. Tout au plus puis-je avoir de la haine pour ce dernier. Mais la haine et l’amour ne sont-ils pas deux sentiments mêlés ? C’est-à-dire de l’amour plus de la peur ! Dans cette histoire à trois, qui hais-je ? L’objet de mes désirs ou celui qui me le prend ? Si c’est ce dernier, il n’y a pas d’amour pour lui et donc, la haine que je lui porte est une conséquence de ses actes ; une conséquence de l’amour pour l’objet de mes désirs mais pas de l’amour à son égard. Puis-je haïr l’objet de mes désirs (puis je haïr une voiture, par exemple ?) c’est peu probable. Ainsi, ces deux sentiments ne se confondent pas mais ont un lien par l’intermédiaire d’un tiers. Mais on peut haïr quelqu’un qu’on a aimé ! Ou est le tiers alors ? Le tiers est l’amour disparu, c’est-à-dire non plus la personne aimée en temps qu’objet de mes désirs mais en tant qu’idéal de l’Amour que l’on cherchait. Car il y a en toute chose, dans notre rapport au monde, le monde et le phantasme du monde que nous élaborons. D’autres disent nos représentations. Nous n’abordons pas la réalité dans son objectivité mais dans sa relativité (image partielle du monde) et dans notre subjectivité. C’est en cela que nous fantasmons le monde ; c’est en cela que l’amour est un amour vécu et idéalisé. Lorsque nous haïssons l’ancien objet de nos désirs c’est que celui-ci s’est déplacé et qu’il est devenu un Autre, nous volant notre idéal d’amour. D’autre part, cette détestation nous permet, d’un point de vue psychologique, de nous protéger sur le plan narcissique, en considérant cet Autre comme mauvais objet. Mais parfois, il n’y a pas de tiers. On peut être jaloux de son partenaire parce qu’il sort, sans qu’il y ait pour autant une troisième personne. Si, cette troisième personne existe ; mais elle existe dans le phantasme que l’on construit de sa présence, renvoyant ainsi à une posture psychologique (voire pathologique) de la jalousie.
– La jalousie semble mettre à jour le sentiment que l’autre dépendait de nous et que cela n’est plus le cas. A moins que cela ne signifie notre dépendance à son égard. – L’envie, au contraire de la jalousie, peut renvoyer à quelque chose de dynamique : je vais essayer d’obtenir ce que je ne possède pas. Il y a ainsi une recherche de dépassement.
– Il n’y a pas de jalousie en amitié ! L’amitié c’est l’amour sans sexe.
– De quoi la jalousie serait elle l’échec ? Quel est l’objectif que l’on n’a pas atteint ? Il y a peut-être la encore, l’échec de l’amour idéal.
– La jalousie, c’est l’échec du couple dans son concept et dans sa réalité. Ceci est une exagération, car sinon nous pouvons dire, à partir d’un couple qui fête ses noces de « je ne sais pas quoi », que c’est la réussite du couple dans son concept !! Non, l’un et l’autre ne son qu’échec ou réussite dans leur réalité.
– Le couple est un concept catholique, dans lequel ; le désir est oblitéré, … ou peut-être simplement canaliser, comme toute organisation sociale exige de structurer ses désirs et pulsions.
– « Le couple, c’est ne faire qu’un : le tout c’est de savoir lequel ! »
– L’idée qu’on avouerait son échec conduit à penser qu’il y a une responsabilité de cet échec et aussi une culpabilité ! Mais de quelle culpabilité s’agit il ? « C’est parce que la jalousie est un vilain défaut ! ». Plus sérieusement, c’est l’aveu de son mal-être et de son incapacité à avoir pu conserver sa chose.

Lien Permanent pour cet article : https://philopartous.org/2007/10/cafe-philo-du-10-octobre-2007-au-cafe-des-arts-a-poitiers/

Café-philo du 3 octobre 2007 au Café des Arts à Poitiers

14 personnes présentes.

Sujets proposés :

  1. Une vocation est-elle facile à vivre ? [5]
  2. À quoi sert Dominique ? [2]
  3. Peut-on acheter la philosophie ? [0]
  4. C’est quoi philosopher ? [5]
  5. L’ennui est-il utile à l’homme ? [9] / [9] sujet débattu
  6. Y a-t-il de l’espoir sans volonté ? [9] / [6]

Ennui nom, masculin.
1. Vif chagrin, grande tristesse.
2. Lassitude morale, absence d’intérêt pour toute chose. L’ennui naît de l’uniformité. Être rongé par l’ennui. Mourir d’ennui. Absence de tout intérêt, sentiment de vide produit par quelque chose. Il ne ressent que de l’ennui pour ce travail monotone.
3. Sentiment désagréable que provoque un souci, une contrariété ; ce souci, cette contrariété. Causer des ennuis à quelqu’un.

Ennuyer verbe, transitif.
1. Causer de l’ennui à, contrarier (qqn). Cet échec l’ennuie beaucoup.
2. Importuner, lasser. Il ennuie tout le monde avec ses exigences. Rebuter, susciter un ennui profond chez. Un conférencier qui ennuie son auditoire.
3. Éprouver un ennui profond, se morfondre. Il est seul, il s’ennuie toute la journée. S’ennuyer de : regretter ou être affecté par l’absence, l’éloignement de…

– L’homme, parce qu’il a peur de l’ennui se surcharge d’activités ; il s’occupe. Cet activisme lui permet de ne pas se retrouver face à lui-même.
– Il faut peut être élargir le terme d’activité pour ne pas le connoter systématiquement avec le loisir mais plutôt considérer l’ensemble des actions que l’homme est amené à faire.
– Ennui et activité ne sont pas opposables avec évidence. On peut s’ennuyer en faisant des activités. L’ennui, ce serait plutôt ; ne pas avoir d’intérêt à…
– Les activités sont si nombreuses et diverses qu’il est difficile d’imaginer que qui que ce soit ne puisse trouver un intérêt à l’une d’elles ! Le monde, dans sa diversité, constitue donc un filet de sécurité contre l’ennui.
– On peut s’ennuyer dans certaines activités (à l’école par exemple) mais aussi ne pas s’ennuyer en étant seul (méditer, réfléchir).
– On peut s’ennuyer et ennuyer les autres.
– C’est parce que l’on s’ennuie que l’on se met en action.
– Avoir un ennui c’est avoir un problème.
– L’ennui peut être un signal.
– L’ennui s’est quand il n’y a rien ni personne qui m’ennuie, ni qui ne m’intéresse. C’est alors quand je suis dans une totale solitude.
– Il y a quelque chose de l’échec dans l’ennui.
– L’ennui renvoie un sentiment de dévalorisation de Soi ; de ne pas être intéressant.
– L’ennui est souvent associé à la routine
– L’ennui peut aider à dépasser la situation ennuyeuse.
– L’ennui c’est un désagrément, quel qu’en soit la nature : problème qui nous arrive, désintérêt à…, vide ou solitude, perte de…, .l’ennui est une situation qui renvoie à de l’insatisfaction.
– La réflexion sur soi même est épuisante et le vide social peut conduire à la dépression.
– Cela peut être inhibant ou stimulant ; c’est une affaire de caractère, donc de psychologie.
– De ce point de vue, l’ennui de quel que chose est une posture personnelle, car dans une même situation ou lors d’un même évènement chacun percevra ennui ou intérêt selon ses propres perceptions. Ce que je fais ou je vis m’intéresse ou pas et j’en retire quelque chose ou pas. De même, il réagira à cette situation en ne réagissant pas (aller au cinéma voir un navet et rester dans la salle tout le film quand même !) ou en dépassant la situation vécue, c’est-à-dire en provoquant un dépassement. L’ennui, ce n’est pas les autres, c’est soi même. Pourtant, il y a des conditions qui ébranlent sérieusement la volonté personnelle car elles sont carcérales et aliénantes. On est alors dans un rapport entre Soi et son environnement.
– L’homme s’ennuie t-il ? Car l’homme réfléchit, pense et peut donc s’occuper indépendamment de toute action concrète. N’est-ce pas justement parce qu’il pense qu’il peut s’ennuyer. Car il pense sur lui (il pense aussi à lui, mais ceci est un autre question). Cette réflexivité (ou récursivité) lui permet de chercher à donner du sens à ce qu’il éprouve : « je vis, suis-je satisfait de ce que je vis » et en même temps de chercher à y remédier : « puis-je trouver une satisfaction ailleurs ou autrement ? » L’animal ne s’ennuie pas, il éprouve le monde sans porter de regard ni de jugement sur son rapport au monde et sur la perte du sens que son « vivre » pourrait avoir par rapport à son idéal de vivre.
– On évoque dans les sondages que les français s’ennuient ! Existe il un ennui collectif ? S’il existe, est il la somme de l’ennui des individus ou a-t-il un statut particulier ?
– L’ennui n’est pas quelque chose que l’on recherche spontanément. Alors, si l’on ne cherche pas l’ennui, peut-être cherche t-on à l’éviter ? Ainsi, quand nous le rencontrons, nous avons peut-être tendance à chercher à palier cet ennui et donc à rechercher une solution. Ce n’est pas l’ennui qui est utile c’est ce qu’il génère comme conséquence.
– Lorsque l’on s’ennuie, le temps est long car on ne sait pas comment l’occuper avec intérêt. Alors on tue le temps… Avant que se soit lui qui nous tue !
– Les emmerdeurs, autrement dit, ceux qui nous ennuient nous aident ils à nous construire ? Là encore, leur utilité qui consisterait à rechercher une situation plus satisfaisante que leur présence, sera fonction de notre propre capacité à réagir.
– L’ennui n’est pas utile car nous n’avons pas besoin de cet état pour réfléchir et agir. Même dans une situation de bien être nous pouvons faire cela.
– Est-il possible de ne jamais s’ennuyer ?
– Ennui et paresse.
– A la question de l’utilité on peut associer la question de la nécessité de l’ennui pour que l’Homme se construise. Si l’ennui est une insatisfaction, une résistance au bonheur alors est-il nécessaire que l’Homme l’éprouve pour que l’humanité se construise ?
– Qu’est-ce qu’être utile ? Parle t-on de ce qui sert à quelque chose ? Et alors il faut préciser à quoi cela sert ? Avec le risque du relativisme ou du psychologisme : selon-moi, etc. ou bien entrevoir ce qui serait utile à l’Homme du point de vue de l’humanité ou de son humanité, recherchant alors une approche universaliste ?

Lien Permanent pour cet article : https://philopartous.org/2007/10/cafe-philo-du-3-octobre-2007-au-cafe-des-arts-a-poitiers/