Café-philo des Trois-Cités du 19 octobre 2007 au CSC du Clos Gaultier à Poitiers

7 personnes présentes.

Sujets proposés :

  1. La violence peut-elle être juste ? [6] sujet débattu
  2. Le travail sur le mandala « Image peinte, groupe de figures géométriques (cercles et carrés principalement » illustrant symboliquement, dans le bouddhisme du Grand Véhicule et le tantrisme, un aspect du monde physique en relation mystique avec le divin) peut-il canaliser la violence ? [0]
  3. A-t-on le choix de son destin ? [4]
  4. Les hommes sont-il méchants naturellement ? [3]
  5. Va-t-on s’en sortir ? [2]

– Qu’est-ce que la violence ? Y a-t-il une différence entre la violence et l’agressivité ? Violence individuelle et violence collective ont-elles le même statut ?
– Il est nécessaire d’identifier les différentes déclinaisons de la violence, afin que l’on puisse repérer qu’un acte de violence brutale est parfois la réponse à une oppression plus insidieuse : cf les manifestations urbaines de 2005.
– La violence peut être tournée contre soi même.
– La violence peut être physique, verbale, muette même, morale, mais aussi symbolique. La violence symbolique trouve sa légitimité dans l’organisation et le maintien d’un ordre social qui lui-même n’est pas forcément légitime ou légal. Cette violence doit s’inscrire dans un cadre licite, faute de quoi elle perd son statut de symbolique. La violence symbolique s’inscrit dans un large processus de normalisation (éducation, socialisation), et de ce point de vue, ne constitue pas une rupture du lien social, au contraire de la violence brutale (répression) mais en garantit son maintien, sa continuité et éventuellement son évolution.
– L’agressivité peut être comprise comme une pulsion dynamique qui va mobiliser de l’énergie pour atteindre un objectif. La violence s’inscrit éventuellement dans cette continuité mais la maîtrise échappe à son auteur et a pour conséquence une rupture du lien social. Paradoxalement, l’origine de la justice se trouve justement dans la violence. La société initiale est une société sans justice où règne la violence au travers de la loi du plus fort. Pour que cesse ce cercle vicieux, il faut que s’impose une violence supérieure, c’est-à-dire « l’ultime violence » (R GIRARD) qui empêche la violence en instaurant la justice, mais aussi la police. Car sans la force, la justice n’est rien ; ou plutôt elle n’est qu’un vœu pieux, attaquée de toute part par l’Homme qui est en quête permanente de pouvoir. Ainsi, s’existerait-il une juste violence, justifiée par la violence originelle (cause) et en tant qu’elle instaure une forme de loi qui a-juste les rapports sociaux (effet).
– Pour M WEBER, l’Etat a le monopole de la violence légitime. Il existe donc une violence instituée ou légale dont on peut penser qu’elle a pour objectif l’union de la Nation et donc sont uniformisation (ou sa normalisation), la recherche d’une organisation au travers d’une cohérence interne.
– Qu’est-ce que la juste violence ?
– Ce qui est juste est-il légitime ou y a-t-il besoin d’une légitimité pour être juste ?
– La violence, à défaut d’être juste, pourrait cependant être au moins justifiée ; c’est-à-dire qu’elle peut constituer une réponse à une agression, allant même jusqu’à devenir vital. C’est, par exemple, la légitime défense. Néanmoins, cette violence justifiée en tant que réponse à l’agression, ne constitue pas pour autant une réponse juste en soi. Car la justice (justesse ?) d’un acte ne s’exprime pas dans l’absolu. Elle se « mesure » par rapport à un référentiel ; par exemple, des valeurs.
– La lutte armée religieuse ou politique est juste, au nom de la religion ou de la politique.
– La violence est une expression particulière à laquelle on a recours lorsque l’on ne peut plus faire appel à une communication normalisée. C’est éventuellement une recherche pour faire sa place.
– A moins que la violence ne relève d’un archaïsme que l’on ne peut refouler !
– Il y a, aujourd’hui, plus de violence dans le monde du travail, qu’il n’y en avait il y a 20 ans.
– La violence dans le travail vient de ce que l’on est passé d’une autorité des rapports hiérarchiques à un autoritarisme dans ces mêmes rapports.
– Pourquoi respecte t-on la loi ? Peut-être parce qu’on a peur de l’autorité, c’est-à-dire de la force, ou encore parce qu’on adhère aux valeurs sous tendues par cette loi.
– Ainsi, l’autorité peut elle être « le masque cachée de la violence » ; c’est donc dans la peur que s’instaure le respect de la règle, ce qui constitue finalement un retour à la situation originelle.
– Ou bien, est-ce par le biais de notre éducation/socialisation que nous intégrons les valeurs qui nous font respecter la loi. N’est on pas alors dans l’exercice d’une violence symbolique, et pourtant nécessaire, d’un pouvoir dominant à l’égard des autres.
– Toute opposition (imposition) est une violence
– Il ne faut pas voler, mais la pire des injustices résulte de l’inégale répartition des biens.
– On ne demande pas à l’entreprise d’être moral mais de produire et gagner de l’argent dans le respect de la légalité. C’est au pouvoir politique de réguler et de garantir la bonne moralité des chefs d’entreprise par la loi.
– L’injustice vient de l’inégalité mais l’inégalité est consubstantielle à la nature humaine.
– Il y a des inégalités qui sont des injustices.
– La violence est juste lorsqu’elle cherche à mettre les biens en commun.
– La juste violence est celle qui produit un ordre social juste, c’est-à-dire égalitaire.
– Une juste violence est une violence qui améliore la justice sociale.
– Une juste violence est celle qui institue de l’égalité entre les rapports de force
– Un monde sans violence nécessite la bonté de l’homme. Au-delà même, un ensemble de vertus qui ne sont que génériques mais dont peu de gens ne dispose en réalité.
– Le but de la vie n’est pas de s’enrichir mais de vivre mieux.
– Chacun devrait être reconnu dans ce qu’il fait et dans ce qu’il est.
– Chacun finit par être à sa place là ou il est arrivé. Il n’est pas sur qu’il existe une destinée sociale qui organiserait la société selon une planification équilibrée.
– Ne pas obéir à certaines lois est une résistance qui peut être justifiée, si elle n’est pas brutale.

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