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Sujets proposés :
- La vocation est-elle la condition de la réussite ? [10]
- L’artiste est-il un être exceptionnel ? [6]
- Gloire au travail ! [5]
- Que faut-il faire de nos vies ? [8]
- Police partout justice nulle part ! [5]
- Les enfants sont-ils des citoyens ? [10]
- Y a-t-il de bons préjugés ? [11] sujet débattu
– Qu’est-ce qu’un préjugé ? Et en quoi peut il être qualifié de bon ? Comment définir le bon. Du point de vue de la moralité, du point de vue de sa validité ? Du point de vue de son utilité ?
– Existe t-il un lien entre préjugé et stéréotype ?
– Les préjugés sont ils des idées reçues ?
– Le préjugé n’est pas une idée reçue, car une idée est le fruit de la pensée et le préjugé ne relève pas de la pensée.
– Les idées préconçues sont des idées conçues par d’autres et dont on se sert comme des vérités toutes faites. C’est une sorte de boite à outils dans laquelle ont va piocher, avec paresse, pour faire face aux situations rencontrées. On voit comment ces idées peuvent asservir individus ou nations, lorsqu’elles sont manipulées par une propagande bien ajustée. Elles peuvent constituer un outil de domination au travers des médias par exemple.
– Le préjugé est la traduction d’une peur intérieure. Il permet de ne pas se confronter à une réalité angoissante et devient ainsi inhibiteur d’action et de réflexion. C’est sur ce type d’association mécanique, préjugé et généralisation, que s’appuient la propagande pour servir le racisme.
– Un préjugé, c’est ce qui précède le jugement, c’est-à-dire avant la pensée. Il est bon, s’il se vérifie par la suite.
– Préjuger, c’est déjà juger et donc, cela évite le jugement qui est déjà établi avant même d’avoir réfléchi à la question.
– Un préjugé est un jugement a priori, néfaste, car il constitue une certitude, sans vécu et sans validation. Pourquoi une certitude serait elle a priori néfaste ? Parce qu’elle supprime le doute. Elle inhibe alors la curiosité et le dépassement de l’état présent. Pour ce qui est du vécu, la maïeutique socratique ne considère t-elle pas que la pensée d’une chose se construit par analogies et associations d’idées, plus que par l’expérience vécue ? En revanche, l’absence de validation semble indiquer que le préjugé est indépassable car il structure la pensée définitivement. Il est donc à craindre que le préjugé ne devienne une condamnation sur laquelle on ne puisse pas revenir.
– Un bon préjugé serait alors un préjugé qui évolue vers…le jugement !?
– Si le préjugé se situe par rapport au jugement, c’est la question du vrai et du faux qui est instruite, donc de la justice. C’est la recherche de la vérité qui est en question
– La pensée saine, c’est de combattre les préjugés. La pensée saine pourrait être la pensée qui laisse une place au doute, donc qui s’affranchit des certitudes. Ainsi, même juger une situation a posteriori, c’est déjà prendre le risque de se tromper. Il y a deux tâches impossibles : éduquer et juger.
– Mais qu’est ce que juger ?
– Juger c’est prendre position après avoir conduit une réflexion sur une question, en fonction de l’état de nos connaissances du moment. Ce relativisme indique clairement que l’erreur a sa place dans le jugement ; qu’il soit juridique ou personnel. Ainsi l’erreur a-t-elle, a fortiori, sa place dans le pré jugement, sans que cela ne puisse être le signe de son iniquité.
– Peut on agir sans avoir de jugement sur les choses ?
– Le jugement sert à comprendre le monde et à agir, pour soi ou sur le monde, à partir des choix que nous opérons en acceptant les erreurs possibles.
– Comment vivre sans préjugés ? La réflexion n’est qu’une suite de jugements qui avancent en fonction de la pensée. Les préjugés peuvent défiler dans la pensée et se réorganiser de manière convenable.
– Un préjugé est une idée toute faite, une illusion de la réalité. C’est un construit « historique » qui rend compte, justement ou de façon erronée, d’une situation qui se transmet par les générations, au point de ne plus correspondre à la réalité contemporaine.
– Le préjugé peut effectivement être transmis par les autres, sur un plan diachronique comme sur un plan synchronique, mais il peut également être inauguré par chaque personne, en tant qu’il constitue un « premier » contact avec une situation ; contact qui est un rapport sensible. C est ici l’expérience personnelle qui va favoriser l’éclosion de représentations. Ainsi, le préjugé peut être individuel ou collectif. De plus, si l’on accepte l’idée que le jugement est un acte de la pensée, un entendement du monde, le préjugé va constituer une pré pensée, dans ce rapport sensible donc non raisonné qu’il entretient avec le monde. C’est le trait d’union qui s’instaure entre l’instinct et la pensée ; la « pensivité » en quelque sorte (néologisme utilisé par quelques éthologues, pour désigner une forme de pré pensée chez certains animaux qui ne préfigure pas un accès à un mode de penser supérieur mais qui traduit une forme de « conscience » du monde). Le préjugé est alors la matière à partir de laquelle le jugement se forme. Le préjugé est donc bon, d’un point de vue éthique, car il sert sa propre nature qui consiste à devenir jugement. Le jugement étant considéré comme une appréciation raisonnée sur le monde. Cette explication du monde -cette vérité du monde -n’est pas accessible immédiatement et repose, entre autre, sur un processus intellectuel qui s’élabore « chemin faisant ». Le préjugé devient alors indispensable à la construction du jugement. Cela peut éventuellement procurer un élément de réponse à la double question : « est-ce que c’est bon d’avoir des préjugés ? ». Oui, en tant qu’ils aident à la construction du jugement. « Y a-t-il de bons préjugés ? ». Cela dépend de leur pertinence par rapport à la réalité du monde ! Cela n’est pas un attribut intrinsèquement bon ou mauvais. Il ne devient bon ou mauvais qu’en fonction de la façon dont on l’utilise.
– Les préjugés sont une simplification du réel. Cela explique d’ailleurs partiellement pourquoi ils perdurent ; parce que c’est une pré pensée ou une pensée pré fabriquée qui donne accès au monde, de manière simplifiée, voire simpliste. L’Homme ne crée pas toujours de la pensée et du raisonnement, et notre paresse naturelle nous incite vraisemblablement à nous satisfaire de cet état. Ce qui est dangereux c’est que le préjugé perdure car il bloque notre pensée et notre relation à la chose en question.
– On ne peut pas dire qu’un préjugé soit vrai ou faux car il relève d’une appréciation subjective du monde et donc d’une représentation personnelle.
– Il est dangereux que chacun reste dans sans vérité. Indépendamment du fait qu’il puisse exister une réalité objective du monde, si l’on ne sort pas de sa vérité subjective, alors on ne peut plus communiquer. Les tentatives pour se mettre d’accord, ensemble, seront toujours vaines et cela ouvre sur le règne de la barbarie.
– Comment se placent subjectivité et préjugés dans l’approche de la vérité ? Tout dépend peut être de notre conception de la vérité : chacun a-t-il sa vérité propre ou existe-t-il une vérité transcendantale ?
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