Café-philo du 28 novembre 2007 au Café des Arts à Poitiers

9 personnes présentes.

Sujets proposés :

  1. L’enfant est-il un citoyen ? [1/9]
  2. Le monde est-il magique ? [6/9] sujet débattu
  3. Y a-t-il des transactions qui échappent au matériel ? [2/9]
  4. Peut-on vivre sans rêves ? [5/9]
  5. Pourquoi se poser des questions ? [2/9]
  6. L’homme est-il un créateur ? [3/9]
  7. Pourquoi se mettre à fumer ? [0/9]
  8. Est-ce que informer, c’est tout dire ? [4/9]

– Comment peut on définir ce qui est magique ? Est-ce dans la compréhension des causes et des conséquences d’un phénomène que la magie disparaît ? Peut on opposer magie à incompréhension ? La foi rend elle les choses magiques ? Quelle est la place de l’imaginaire dans le magique ? Sont-ce les mages qui font de la magie ou les magiciens ? Peut-on expliquer le monde sans lui enlever sa magie ? Même si les scientifiques peuvent parler de la magie du monde ! Plus on grandit et moins le monde nous apparaît comme magique.
– La magie relève de la capacité d’émerveillement que chacun à en soi, notamment lorsque l’on est enfant. Celle-ci s’estompe au fil des ans. Il y aurait alors un lien entre magique et émerveillement, mais également compréhension.
– Pourtant, si ce qui est magique est merveilleux, ce qui est merveilleux ne relève pas forcément du magique. De plus, il est contestable que le magique ne soit que merveilleux, car il existe une magie noire qui rend les évènements tragiques. Ainsi, y a-t-il des souffrances dans le monde pour les individus ou les peuples qui interdisent de penser que le monde est merveilleux.
– Pourquoi associer magique et merveilleux ? Peut être parce que les images véhiculées par le magique sont des histoires de notre enfance. Elles sont alors associées à des représentations merveilleuses (comme le monde merveilleux de Disney !!) et en plus ces histoires finissent bien. Il y a donc une construction infantile de représentations qui nous amènent à relier magique/merveilleux/positif. Le magique est ainsi un reste de notre pensée enfantine et innocente vers le monde : la pensée magique.
– A quoi sert le monde magique ? À rêver d’un autre monde, c’est-à-dire à s’extraire du réel.
– La magie, c’est une sorte de tour de passe-passe, d’illusion qui repose sur une technique qui va servir à duper les gens. Il y a une possible manipulation des gens à leur faire croire que le monde est magique alors que le réel est tragique. Pourtant, si le monde est magique et même si c’est une illusion, c’est une illusion positive qui donne un espoir, une possibilité du bonheur. Lorsque le monde perd son aspect magique, il se désenchante et nous rend triste en nous plaçant face à notre finitude. Mais ce bonheur ne peut-il être trouver dans la rationalité et l’explication du monde, tout autant ?
– Il faut accepter de se laisser séduire par le monde ; de rentrer dans une forme de béatitude pour aller au-delà de la recherche de notre compréhension du monde.
– Le cinéma a pu apparaître comme un phénomène magique dans son avènement : comment peut on mettre quelqu’un dans une boite et le projeter contre une toile ? Mais la compréhension progressive de la technique démystifie le processus, faisant ainsi tomber son caractère magique. Cependant, les images ou les histoires elles mêmes peuvent rendre notre monde magique, en ce qu’elles suscitent pour chacun d’entre nous. C’est la magie du cinéma. Ce qui est magique appartient au domaine du surprenant et du complexe.
– Est magique ce qui relève de la beauté et de l’art, autrement dit ce qui fait appelle à notre subjectivité, par le biais de notre sensibilité. Les choses ne sont pas magiques, en soi, mais c’est notre perception qui les rend telles.
– Le magique renvoie à l’ignorance : ignorance de la nature ou ignorance du divin. Rien n’est magique dans le monde car celui-ci obéit à des lois physiques, chimiques, écologiques, sociales, économiques,… qui relèvent de la rationalité.
– Ce qui est magique, c’est ce qui existe en dehors de ces lois. Le magique, c’est le surnaturel, le supra normal. Le monde serait donc explicable, dans son organisation et dans son fonctionnement, mais non encore expliqué totalement ; c’est cette part d’inexpliqué qui nous apparaît comme magique. Ainsi, le monde n’est il pas magique dans ce qu’il constitue un objet rationnel, mais il conserve de la magie dans ce qu’il a d’encore inexplicable à ce jour. Cette perception est d’ailleurs valable pour chaque individu. Toute connaissance étant relative à chacun d’entre nous, donc évolutive, à une époque donnée et dans un contexte précis, le magique est la part d’irrationalisé du monde pour chacun de nous : ici et maintenant.
– Nous tentons d’expliquer le magique par une approche de l’irrationnel, c’est-à-dire ce qui n’est pas encore expliqué et qui peut renvoyer à une dimension surnaturelle, paranormale, divine… si le magique renvoie à cette dimension, alors on peut admettre que, le monde n’est pas magique, puisqu’il s’explique de jour en jour, en fonction de l’évolution de nos connaissances. Le hasard d’aujourd’hui n’est-il pas le savoir de demain. Les adeptes du zététisme sont les artisans du passage entre le rationnel et l’irrationnel dans ce qu’il a de plus improbable. (Zététique (H BROCK) : art du doute qui s’inspire du scepticisme et qui s’appuie sur une méthode scientifique. Le zététisme consiste en l’étude rationnelle des phénomènes paranormaux, pseudo sciences et autres thérapies étranges ; à l’inverse du pyrrhonisme qui nie la réalité des choses.). On peut cependant objecter de l’inexplicabilité du monde ; autrement dit, de sa non finitude qui nous conduit à une infinie recherche (l’inexplicabilité du monde n’implique d’ailleurs pas qu’il n’y ait pas d’explication mais simplement que nous ne l’avons pas encore atteinte. Les choses existent dans leur cohérence, indépendamment de notre accès à cette cohérence). Le monde gardera en soi une part d’inaccessible, de magique en somme ! On peut également tenter de définir le magique par une approche sensible du monde, pas tant en ce qu’il a de merveilleux en soi, mais dans notre perception émerveillé de ce qu’il est, approche toute subjective (ici, l’approche est une subjectivité subjectivante, – chacun dit ce qu’il ressent du monde – , alors que précédemment nous sommes dans une subjectivité objectivante – chacun dit comment le monde est -). Dire alors que le monde est magique, même pour soi (et d’ailleurs seulement pour soi) revient à un déni des souffrances du monde, ou plus précisément de notre perception de ces souffrances (autisme ?!). Pour autant, il n’y a pas forcément d’antagonisme entre le merveilleux et le rationnel. La découverte de l’explication d’un phénomène et la compréhension qu’elle amène du monde peut être formidable. Le magique associe alors rationalité et merveilleux. Le monde n’est pas magique mais il y a de la magie dans le monde.
– On peut également considéré comme magique ce qui échappe à l’entendement et apparaît comme merveilleux. Si pour certains, l’idée que le monde puisse être expliqué est tragique, car elle ne fait justement plus de place au magique, il paraît tout aussi tragique à d’autres l’inexplicabilité du monde, car il serait alors soumis soit au hasard, soit au divin.
– Le monde ne peut pas être magique car se sont deux entités différentes qui relèvent de deux paradigmes différents. Le monde s’organise et fonctionne à partir de sa matérialité et des représentations de sa matérialité (l’univers, le ciel, la terre, l’Homme, se nourrir, se reproduire, mourir,…). Il s’inscrit dans la nécessité physique de son existence. Il peut certes s’en affranchir, momentanément, par le rêve, la croyance, la foi, la philosophie (! !!), le magique … qui participent de l’espérance humaine,pour s’extirper du tragique de la vie. Mais ces constructions métaphysiques n’impliquent pas qu’elles soient. Ce n’est pas parce que l’on croit que Dieu a créé le monde, que Dieu a créé le monde ! Il ne suffit pas de croire que le monde est magique pour que le monde soit magique. Mais au-delà, comment concevoir que le magique s’organiserait et fonctionnerait selon les mêmes règles que l’humain. Cette entité, si elle existe, s’organise selon ses propres règles, nécessités, possibilités et finalités, s’affranchissant ainsi de celles du monde. Si non ; si elle utilise nos propres lois, elle devient humaine et perd son statut de magique. « Abracadabra » ne peut rien pour nous, pauvres humains. Cela ne renvoie qu’à l’espoir que, dans un autre monde, cela puisse quelque chose que nous ne pouvons pas. Cette une représentation humaine d’un possible sur humain. Si le magique existe, il possède ses règles, ses lois, ses finalités et ses nécessités qui déterminent ses propres modalités de fonctionnement et d’organisation de son monde. Il n’est pas impossible que dans ce monde du magique on rêve que c’est l’humain qui est magique !?

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