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Sujets proposés :
- Quelles sont les rapports entre, propriété, liberté et sauvegarde du climat ? [4/18]
- Faut-il renoncer pour être heureux ? [9/18] sujet débattu
- Quand commence la décadence [7/18]
- Et si tout cela n’était qu’une vaste histoire de cul ? [2/18]
- Construire et détruire sont-ils les caractéristique de l’homme ? [4/18]
- Définit-on l’identité par des ressemblances ou des différences ? [8/18]
- Qu’est-ce que l’intelligence ? [5/18]
– Cette réflexion est proposée lorsque, arrivée à une étape de sa vie et ayant résolu les nécessités matérielles, la personne aspire à la sérénité ; cette sérénité qui pourrait passer par un retrait (ici retrait plus que renoncement) vis-à-vis de la dimension matérielle de la vie. Il a déjà, dans cet énoncé, l’idée que la recherche d’un certain bonheur serait seconde. Le bonheur ne devient une quête qu’au prix de la maturité ( ?), de la satisfaction matérielle de ses besoins ( ?), d’une démarche intellectuelle ( ?), …
– Le retrait, c’est peut être de recentrer ses désirs. Qu’est-ce qu’être heureux ? Est-ce que « être heureux » c’est « ne pas être malheureux » ? Cette tentation de définir d’emblée une chose par son contraire semble nous conduire vers une impasse tautologique. On peut certes tenter de préciser une chose par une espèce de réciprocité inversée mais,
– d’une part : Encore faut il dire au moins ce qu’un des deux termes signifie, faute de quoi, nous restons dans une sorte de syncrétisme, de « siamoiserie » du raisonnement -D’autre part, on prive chaque mot et , plus grave, chaque réalité, de son identité propre, renonçant par la même à donner du sens au monde ; monde qui sera tout à la fois soi et son contraire ! Une idée ne doit elle pas d’abord chercher à dire ce qu’elle est, après quoi elle désigne son contraire.
– A quoi faut-il donc renoncer pour être heureux ? Y a-t-il un choix stratégique à faire : renoncer à ce qui nous semble moins important pour obtenir l’essentiel. Le renoncement nécessite un effort et il a un prix. Le couple illustre cette situation. Ici, être heureux implique des compromis et des concessions. Ainsi, il faudrait aliéner une part de sa liberté et de ses désirs pour être heureux ? -Faut-il aller jusqu’à renoncer au bonheur pour être heureux ? Et le bonheur est-il le désir ou la satisfaction de son désir ?
– Si le bonheur est le désir, c’est en désirant que l’on est heureux. C’est cependant accepter le manque qui est inscrit dans tout désir. Le bonheur devient possible lorsque l’on lâche prise par rapport à la frustration.
– Or, n’y a-t-il pas une contradiction à penser que la frustration, même dans le désir, est constitutive de notre bonheur ! Ne faut il pas alors renoncer au désir – c’est à dire au manque qui est inscrit dans le désir – pour accéder au bonheur par la plénitude. Être heureux, c’est ne (plus) rien vouloir, c’est-à-dire d’une certaine manière, ne plus avoir de manque. Moins on a de désirs, moins on a de manque, plus on est satisfait, plus on est heureux. Les primitifs par exemple, avaient peu de désirs… Ils étaient trop préoccupés par la satisfaction de leurs besoins. Le besoin est une nécessité vitale à la vie, quasi physiologique, alors que le désir est, selon Maslow, un « besoin » supérieur, qui permet à l’Homme de se réaliser en tant que personne. L’homme qui ne réalise pas ses besoins primaires ne peut accéder au désir ; il doit (sur)vivre avant d’exister. Il semble en être de même pour les sociétés qui ont besoin d’accéder à un niveau supérieur de réalisation de leurs besoins pour accéder au désir et à une représentation plus spirituelle du bonheur.
– Faute de désirs, les primitifs étaient ils heureux ? Les animaux non plus ne désirent pas et ils ne paraissent pas particulièrement heureux. Ils ne sont pas forcément malheureux pour autant (On voit là l’insuffisance de tenter de démontrer une chose par son contraire).
– Pour revenir au bonheur comme renoncement au désir, il y a là un témoignage paradoxal – où l’on accéderait à un état par le fait d’y renoncer – qui ne peut s’accepter qu’en distinguant différents niveaux et formes du bonheur. Mais, renoncer au désir, c’est-à-dire au bonheur, n’est-ce pas renoncer à la vie ? Car dans le même temps, renoncer au désir c’est renoncer à l’espérance. C’est renoncer à changer la (sa) vie ; il y a là, une grande tolérance au monde, sans doute une sorte de sagesse philosophique qui consiste à prendre le monde (soi même) tel qu’il est.
– Mais le bonheur se situe peut être au-delà du désir, dans sa réalisation ? C’est autrement dit, une certaine manière de se réaliser. C’est évidemment une notion subjective et relative : Relative du point de vue sociologique (économique, culturel, historique,…), tant les déterminants environnementaux influencent nos choix. Subjective, car chacun procède à un choix original, en fonction de sa sensibilité, son intelligence, sa liberté. Toutefois, c’est bien la représentation singulière du bonheur qui est relative et subjective, car la question du Bonheur est, elle, fondamentale et a-historique. Les philosophes n’ont-ils pas placé cette question au centre de leurs préoccupations depuis plus de deux mille ans ?
– Peut on ici, essayer de distinguer le bonheur dont on parle. Il y a le grand Bonheur, c’est-à-dire une sorte de bonheur absolu – l’Utopia en quelque sorte, au delà de laquelle il n’y a rien ; une sorte de Nirvana bouddhiste – état de béatitude, que personne ne connaît puisque nous ne l’avons pas vécu, mais que chacun peut se représenter, puisque c’est un rêve. A moins que ce ne soit un mythe ?! Dans la réalisation de ses désirs qui nous fait accéder à l’état de bonheur absolu, de quoi manque t-on ? De rien. Que peut on désirer ? Rien, puisque notre satisfaction est totale. Cela nous incite à inverser la question : Faut-il être heureux pour renoncer ? Peut être peut on introduire ici l’idée que bonheur et désir sont dissociables. En effet, le bonheur dans la réalisation de nos désirs devient jouissance. Mais la jouissance est-elle un état permanent ? De plus, n’y a-t-il pas un amalgame entre plaisir et bonheur ? C’est une approche hédoniste du bonheur.
– Faire coïncider le bonheur et le plaisir est une manipulation mercantile de la société de consommation. La vision socio économique du bonheur est une idée bourgeoise.
– Par ailleurs, il y a le bonheur au quotidien ; celui de vivre et de ressentir, « à chaque instant » que l’on vit, en le traduisant par des attitudes conformes à notre représentation du bonheur, vers soi et vers les autres. Car le bonheur, c’est aussi partager. Non pas partager au sens économique du terme : plus on partage et moins chacun a. Partager au sens d’une mise en commun, où chacun aura plus que ce dont il disposait au départ. Pour Sartre, l’Homme n’a que le désir d’être. Ainsi, l’état de bonheur absolu semble tuer le désir soit, parce que nous renonçons à désirer, soit parce que nous comblons nos désirs. Ce faisant, il tue aussi la vie. Là encore, le bonheur quotidien devient possible parce qu’il est un renoncement au bonheur absolu. Il ne correspond pas à un état mais une dynamique de la vie. C’est à bien à ça que semble nous inviter W. ALLEN quand il dit : « Qu’est-ce que je serais heureux, si j’étais heureux ! ».
– On peut penser à une posture intermédiaire où la recherche du bonheur passerait par un ajustement de ses désirs à ses moyens, de ses envies à ce que l’on peut satisfaire, ce qui permet de ne pas être frustré. Est on malheureux quant on renonce volontairement ?
– On ne renonce jamais uniquement de soi même, les autres interviennent toujours dans nos choix
– C’est une approche économique et rationnelle du bonheur (pratiquement stratégique).
– Renoncer à la matérialité du bonheur, c’est, par analogie, une façon d’accepter la mort et s’affranchir ainsi de l’angoisse qui l’accompagne. C’est cesser d’avoir peur et pouvoir vivre le bonheur au quotidien. La sagesse vient peut être s’insinuer ici ! C’est une inspiration recentrer sur l’existence.
– Pour renoncer il faut avoir goûter une chose. On ne renonce pas à ce que l’on ne connaît pas.
2 commentaires
Ma foi j’y étais ce jour là…
Pour le premier sujet : il eût conservé sa portée générale si, au lieu de la question climatique il s’agissait de l’écologie. Cette dernière recouvrant des choses inappropriables.
Pour le second : je réalisais de suite qu’il fallait assurément être heureux pour que renoncer ne soit plus un problème ou un drame. À savoir ceci-dit ce qu’alors « heureux » signifie ?
Pour le troisième – que je proposai : je me demande si il existe quelque élément objectif, ou bien si la question est condamnée au relativisme culturel.
Pour le quatrième : je dirais que cette histoire-là n’a nul besoin de conscience, de pensant et donc, de philosophie ; sinon pour reconnaître qu’elle fonctionne toute seule et que nos organes en sont bien plus au fait que tous ce que nous pouvons en penser…Oratio.
Pour le cinquième : si on s’en tient à la thermodynamique et à toute théorie des systèmes, cette caractéristique n’est pas exclusivement nôtre mais une conséquence des contraintes du monde physique.
Pour le sixième je dirais les deux mon capitaine ; mais le véritable travers est que l’on s’accroche trop à « l’identité », dans toutes les nuances du terme, et rarement s’attache-t-on à la diversité.
Pour le septième, l’intelligence n’est peut-être bien qu’un rapport social prenant la forme de la distinction, ainsi qu’un rapport au monde nous distinguant de la nature et même de nos propres artefacts.
Qui parle dans cette article, et d’où parle-t-il ?
Celle ou celui qui a écrit ces lignes n’a plus besoin de philosopher, mais peut-être en a-t-il encore le désir. Si tel est le cas, je pense qu’il est assez sage pour le respecter.
Quant à moi, je pense qu’il m’aura fallu me découvrir aimable (et le café philo y a contribué), pour commencer à m’aimer et, en faim, faire l’amour (amor) à la vie.
Jean-Yves.