Café-philo du 8 mars 2006 au Gil bar à Poitiers

31 personnes présentes.

Sujet proposés :

  1. L’important est-il d’être constant ? [4]
  2. L’écologie est-elle un luxe de pays riches [13]
  3. La femme cet autre homme [14]
  4. Comment en sortir [12]
  5. Comment y entrer [7]
  6. La connerie a-t-elle un sexe ? [18] sujet débattu
  7. Faut-il mettre le président en prison [6/]
  8. Peut-on être à la fois con et heureux ? [14]

La fin du XIX siècle, remarque J. Le Rider, se caractérise par une recrudescence des ouvrages diffamatoires pour le sexe féminin (50). Après les philosophes (51), ce sont les psychologues et les biologistes ainsi que les historiens et les anthropologues qui font preuve d’un anti-féminisme extrêmement violent. Tous s’emploient à démontrer, avec succès, l’infériorité ontologique de la femme (52). La femme est proche de l’animal et du nègre (53) : elle est portée par ses instincts primitifs, jalousie, vanité, cruauté. Mais comme elle a une âme enfantine et que la nature l’a dotée de l’instinct maternel (qu’elle partage d’ailleurs avec toutes les femelles mammifères), sa seule véritable vocation est la maternité. Par conséquent, toutes les femmes qui se disent émancipées sont de mauvaises mères : de grandes nerveuses au corps dégénéré…

Les remèdes proposés varient du tout au tout. Une majorité d’hommes se déclarent, à l’instar de Nietzsche et Weininger, partisans du retour à une saine polarité des rôles sexuels. Pour que les hommes retrouvent leur virilité, il faut d’abord que les femmes retournent à leur place naturelle. Seul le rétablissement des frontières sexuelles libérera les hommes de leur angoisse identitaire. Puis le refoulement massif de leur bisexualité originaire fera le reste.

  • 50. Cf Le Cas Otto Weininger, op. cit., pp.71 à 76.
  • 51. Arthur Schopenhauer, « Essai sur les femmes », Parerga & Paralipomena (1851), traduction de Jean Bourdeau, augmentée et préfacée par Didier Raymond, Actes Sud, 1981. Friedrich Nietzsche, notamment, Par-delà le bien et le Mal, 1886, éd. 10/18, 1951, §§ 238-239.
  • 52. Le traité Sur l’imbécillité physiologique de la femme du médecin Paul Julius Moebius fut un véritable best-seller. Publié en 1900, il fut réédité neuf fois de 1900 à 1908 et connut le même succès que Sexe et caractère (1903). Il y est question, comme le titre l’indique, de son « imbécillité » . et donc de sa relative irresponsabilité légale… « On peut la définir en la situant à mi-chemin entre la sottise et le comportement normal. Il convient d’abandonner l’idée abstraite de “genre humain” pour parler désormais de genres humains. Comparé à celui de l’homme, le comportement de la femme parait pathologique comme celui des nègres comparé à celui des Européens » , écrit Moebius. Cité par J. Le Rider, Le Cas Otto Weininger, op. cit., p. 75.
  • 53. En France, Dumas fils comparait les femmes aux « Peaux-Rouges à teint rose » ou à des « négresses à mains blanches et potelées ». Si W.Vogt ou Baudelaire la comparent au juif dont elle partage l’adaptabilité, l’indiscrétion et la sournoiserie, l’analogie apparaît plus rarement sous une plume française qu’autrichienne ou allemande.

Extrait du livre d’Élisabeth Badinter « XY de l’identité masculine » (pp. 34-35.). Édition Odile Jacob, septembre 1992 ISBN 2-7381-0179-8

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